Le braquage est tout d'abord une affaire familiale. Pas celle des liens du sang, mais celle des voyous. Autour de l'oncle, mourant et qui encadre là sa dernière opération, Marin, Andrei, Jeanne et le narrateur, tout juste sorti de prison, l'équipe réfléchit au braquage du casino et au meilleur moyen de s'en sortir sans se faire pincer. Si certains sont réticents devant l'ampleur du projet, la personnalité charismatique de l'oncle, parrain de ce petit groupe, permet de fédérer l'équipe, à laquelle se joint Lucho.
Le casse est assez classique, avec un couple qui monte une arnaque. Le moyen de faire sortir le magot est plus étonnant : avec un hélicoptère télécommandé, le but est de l'amener à bord d'un bateau qui attend au milieu de la rade de Brest. Car Tanguy Viel implante son récit en Bretagne, la région où il a grandi. La rade de Brest est presque un personnage à part entière, et le phare de Saint-Mathieu et l'abbaye à son pied sont le cadre du final du roman, celui de la vengeance, avec une palpitante course-poursuite automobile.
La force du roman de Tanguy Viel est sa construction. Comme une tragédie, la première partie est une exposition des différents protagonistes et de l'enjeu de l'intrigue, qui met certes un peu de temps démarrer. La seconde partie est le nœud, là où va se jouer le braquage et où la situation bascule, de façon inattendue. La troisième partie est l'occasion du règlement de compte, qui verra la mort d'un protagoniste dans une scène digne d'un grand thriller.
L'absolue perfection du crime, évoquée dans le titre du roman, est l'objectif de ces braqueurs qui se pensent malins mais qui vont lamentablement chuter. Heureusement, l'écriture de Tanguy Viel est bien plus robuste que le plan monté par ses héros et donne au livre son attrait.
Du même auteur : Paris-Brest
Extrait :
Tout était réglé au millimètre, ce qu'on avait à faire et la ponctuation marquée des actes, on avait pris le temps des semaines durant de minimiser les risques, paramétrer, comme on dit, la situation, pour atteindre ce qu'on nommerait à jamais l'absolue perfection du crime. Et la porte une dernière fois a coulissé. Dehors, l'une devant l'autre, la camionnette C15 et la Mercedes étaient garées dans l'ombre. On disait bétaillère pour la camionnette, à cause des sièges absents à l'arrière, une cage de tôle plutôt qu'une voiture. On y avait tous eu droit déjà, de s'être assis à même la tôle, mortellement secoué par n'importe quel coup de frein, craignant les nids-de-poule, les voies ferrées, les dos d'âne, et c'était prétexte en général à rire de celui qui s'y collait.
L'absolue perfection du crime de Tanguy Viel - Éditions de Minuit - 176 pages
Commentaires
vendredi 17 février 2012 à 15h18
Je compare la lecture d’un bon roman à celle de l’expérience d’un voyage agréable.
Au début, on est fébrile, on se prépare à la découverte. Ensuite, on est dans l’action, on savoure. Puis arrive la fin, souvent bien trop rapidement.
Tout comme un séjour agréable dans un endroit idyllique, la lecture d’un bon roman se savoure un instant à la fois.
Je suis heureuse de constater que je ne suis pas seule à partager cette passion.
Bonne lecture à tous.
mercredi 22 février 2012 à 21h13
J'avais découvert Tanguy Viel avec "Paris Brest" qui m'avais bien plu. J'avais lu ensuite "Insoupçonnable", mais je n'avais pas enregistré la sortie de "L'absolue perfection du crime". C'est fait maintenant, et je note ce titre pour aller le chercher en bibliothèque