Jean-Bernard Pouy s'est penché sur un tableau de Rémy Cooghe, visible au musée de la Piscine à Roubaix : Combat de coqs en Flandre. Le tableau, visible ici, a été réalisé à la fin du XIXe siècle et représente au premier plan un combat de coqs (joute très populaire dans le Nord et en Belgique), entouré de spectateurs et de parieurs.
Dans son essai, Jean-Bernard Pouy fait le choix non pas de faire une plongée historique dans l’œuvre mais d'évoquer les à-côtés. Il croit reconnaitre dans le public Victor Hugo, au centre de l’œuvre, personnage qui centralise les regards. Il ne cherche pas à identifier tous les notables de Roubaix qui figurent sans aucun doute dans l’œuvre. La composition, avec ces gradins verticaux, ce mélange de bourgeois en haut-de-forme et d'ouvriers à casquette, permet de montrer la mixité sociale des ces spectacles.
Pour Pouy, le tableau évoque à la fois les débats passionnés de l'Assemblée de la 3eme République et les représentations du monde théâtral, comme celle qu'on peut voir dans Les enfants du Paradis de Marcel Carné. Pouy s'interroge également sur l'argent, omniprésent dans ces salles où les paris s'enchaînent et quasiment absent de la représentation. De même, qui est cet homme au premier plan à droite, qui attire tous les regards, plus intéressés par ce qu'il cache derrière la balustrade que par les coqs qui s'entretuent au milieu de la piste ?
C'est une manière très ludique de plonger dans les œuvres picturales et tout ceci est servi par un très beau travail d'éditeur, avec une reproduction de l’œuvre en question et différents encarts illustrés qui reprennent des détails du tableau. Un très bel ouvrage, tiré d'une collection qui visite tous les musées du Nord-Pas de Calais.
Également de Jean-Bernard Pouy : 1280 âmes, Liliane, fais tes valises, Le bar parfait
Extrait :
Moi, je me persuade que pour un peintre belge comme Rémy Coq, pardon, Cooghe, le coq, le combat, le combat de coqs, ça doit exprimer quelque chose de fort, de précis, de régional, d'important. C'est l'image d'un pays, d'une région, d'une culture. Imaginez que ce tableau soit russe ou anglais, ça changerait tout. Un combat d'ours ou de lions, ça ne serait pas de la même facture. Ce serait, disons, un peu moins intime.
Rémy Cogghe - Combat de coqs en Flandre de Jean-Bernard Pouy - Éditions Invenit - Ekphrasis - 40 pages
Commentaires
mardi 24 avril 2012 à 21h42
De Jean-Bernard Pour je connaissais "la petite écuyère a cafté " dans la collection du Poulpe. Je l'écoute souvent aussi sur France Culture dans l'émission culte du dimanche midi "Les Papous dans la tête". Mais je ne le connaissais pas sous cette facette d'essayiste pour commenter un tableau du Musée de la Piscine à Roubaix. Ce billet donne envie d'en savoir plus.
jeudi 26 avril 2012 à 14h03
Cher Yohan,
je suis très heureux que l'attention ait été attirée sur la collection Ekphrasis des éditions Invenit, à la fois belle et intelligente : depuis le premier ouvrage - Pierre Dhainaut évoquant une toile d'Alfred Manessier - elle a donné à une vingtaine de poètes l'occasion d'évoquer de manière différente et sensible ces tableaux que nous ne savons pas toujours regarder. Elle répond à un véritable besoin.
Merci,
jnf
vendredi 18 mai 2012 à 16h09
Oh très intéressant ! J'adore ce tableau que je ne manque pas d'admirer à chacune de mes visites au musée de la Piscine à Roubaix !