Santa Mondega semble être une ville oubliée du reste du monde. Alors que l'action se situe au XXIe siècle, l'ambiance qui y règne est digne des meilleurs western. Le bar du Tapioca, où le barman a pour habitude de servir de la pisse en lieu et place du traditionnel bourbon aux étrangers qui poussent sa porte, est le point de rendez-vous de la plupart de chasseurs de tête du globe. Ce qui fait de Santa Mondega la ville la plus dangereuse de la planète. Mais pour Archibald Sommers, le flic légendaire de ce patelin, il n'y a qu'un seul tueur digne de ce nom, Le Bourbon Kid. Il faut dire que la dernière fois que ce gamin qui ne supporte pas l'alcool, a fait une apparition au Tapioca, ce fut un véritable carnage.
Cinq ans plus tard, alors que Sommers est toujours persuadé que Bourbon Kid est vivant, Sanchez le serveur du Tapioca voit deux moines débarquer dans son bouge à la recherche de l'œil de lune, un bijou aux pouvoirs mystérieux. C'est ce même jour que Jessica sort d'un coma de 5 ans ; que Jeffe le chasseur de prime se fait voler l'œil de lune qu'il venait de dérober aux moines ; que Miles Jensen, agent spécialisé dans le paranormal est envoyé par le FBI à Santa Mondega ; et qu'Elvis se fait tuer (pas le chanteur, mais un tueur à gage dont la ressemblance avec le King est frappante). Ajoutez à cela le vol d'une Cadillac jaune, des cadavres sanguinolents à chaque coin de rue (ou de page), des moines adeptes des arts martiaux, un chef de la mafia locale qui ne sort que la nuit, un livre sans nom qui tue tous ceux qui l'ont entre les mains, et vous aurez une toute petite idée de ce qui vous attend en ouvrant ce roman.
Mélangeant les genres avec malice, Le livre sans nom est un objet littéraire complètement loufoque et hybride. Il y a d'abord une écriture très visuelle, cinématographique, et l'on perçoit très vite l'admiration que porte l'auteur aux œuvres de Tarantino ou Carpenter. Bien sûr, il ne faut pas être rebuté par l'hémoglobine qui coule à flot. Mais alors que le récit aurait rapidement pu glisser vers un scénario de série Z navrant, l'auteur a su manier l'humour et l'auto-dérision avec suffisamment de talent pour désamorcer toutes les critiques d'un roman trop outrancier et invraisemblable. Le Livre sans nom est un farce monumentale à prendre comme telle. Une récréation jubilatoire et totalement rock'n roll.
Laurence
Extrait :
Un immonde salmigondis recouvrait le plancher, ainsi que les deux moines.
« Peto ! Pourquoi as-tu fait cela ?
- Je… je suis désolée Kyle, mais c'est la première fois que je me sers d'une arme à feu. Je crois que le coup est parti lorsque j'ai pressé la détente.
- Les armes à feu ont tendance à réagir comme ça, tu sais », répondit Kyle, sans méchanceté.
Peto tremblait si fort qu'il avait du mal à garder son pistolet en main. Il était en état de choc. Il venait de tuer un homme. Il avait pensé que jamais il ne commettrait pareil crime. Néanmoins, soucieux avant tout de ne pas laisser tomber Kyle, il relégua de son mieux ce meurtre dans un coin de sa conscience. Il ne serait cependant pas facile de l'y maintenir : le sang éclaboussé un peu partout ne cessait de lui rappeler son geste malheureux.
Pour sa part, Kyle s'inquiétait beaucoup plus du manque de crédibilité que leur vaudrait pareil incident, et se félicita que le bar ne fût pas plein.
« Franchement, tu es insortable, lança-t-il sur le ton de la gronderie.
- Pardon.
- Peto, rends-moi un service.
- Bien sûr. Quoi donc ?
- Cesse de pointer cette chose sur moi. »
Le livre sans nom - Éditions du Livre de Poche - 509 pages
Traduit de l'anglais par Diniz Galhos
Commentaires
mercredi 9 mai 2012 à 17h23
Il est super ce bouquin!
Il faut vraiment le lire, c'est à ne pas manquer!
Humour, meurtres, suspens, action, chemins entrecroisés, c'est géant! Et la fin m'a surprise. Je m'y attendais pas. Surtout la manière dont le paranormal entre en jeu dans l'histoire.
Mais reste une question en lisant le premier: à quoi ressemble le Bourbon Kid?
J'ai hâte de lire les autres!
Par contre, la traduc française laisse un peu à désirer...un peu brouillon...
mercredi 9 mai 2012 à 21h42
Tu as fini de me convaincre Laurence ! Je vois ce livre partout, je n'en entends que du bien. Et même si de prime abord, je ne me serais pas laissé tenter, je crois que celui-ci pourrait faire partie des heureuses surprises là où on ne l'attendait pas.
jeudi 10 mai 2012 à 09h21
à force de le voir partout ,je lui tournais le dos après ton billet va savoir... déjanté et barré 2 adjectifs qui me branchent!
dimanche 13 mai 2012 à 20h29
J'ai lu ce livre, j'ai bien aimé, oui un peu western spaghetti mais prenant, je crois que la suite est sortie, à vérifier...
mercredi 16 mai 2012 à 06h33
Yurina : je l'ai lu grâce à des amis qui nous l'ont offert et c'est effectivement une belle surprise.
Manu et Sylvaine : vous me direz si vous partagez mon avis ?
Martine R. : effectivement, deux tomes suivent celui-ci et apparemment ils sont tout aussi déjantés que le premier.
vendredi 18 mai 2012 à 16h07
Il vient enfin de rejoindre ma PAL : chouette !!!
mardi 22 mai 2012 à 11h31
Ce billet est très alléchant !
J'étais rebuté depuis quelques temps et n'avais pas envie de m'y plonger : l'effet "livre tête de gondole", cela sentait le coup éditorial prometteur mais creux. Si l'objet est authentique, alors allons-y ! Merci Laurence : il rejoint la table de chevet !
jeudi 7 juin 2012 à 20h02
Liliba : tu me diras ?!
Alexandre : avec plaisir. J'ai souvent les mêmes réticences sur les ouvrages qui font trop de buzz. Et puis celui-ci est arrivé un peu par hasard dans ma bibliothèque et je ne le regrette pas.