Dans cette histoire, il ne faut pas bien sûr oublier Maribel, leur femme de ménage commune et son fils Andrès du même âge que Tamara dont il deviendra vite l’ami.
Très rapidement, nous allons rentrer dans l’intimité de ces deux maisons. Comment leurs occupants deviendront-ils vite inséparables et indispensables les uns aux autres, c’est le thème de ce roman.

Amour, amitié, haine, secrets, peurs, blessures physiques ou morales, histoires personnelles des familles parentales. Ah cette guerre civile que de séquelles de tous genres elle a laissé derrière elle ! Même en 2000, la vie de ces familles en porte encore les stigmates.

A. Grandes auteure que j’avais découverte avec Le cœur glacé, nous plonge dans l’histoire alambiquée de ses héros. Usant habilement de flash-back elle nous distille petit à petit les réponses à nos questions. Quel secret cache Juan ? Quels liens l’unissaient à Charo la mère de Tamara, sa belle-sœur ? Comment Sara, d’origine modeste, a-t-elle acquis une telle aisance financière ? Quant à Maribel, cette femme séparée du père d’Andrès, comment fait-elle pour arriver à s’en sortir et garder bonne humeur et joie de vivre ? Comment se démarquer de cette mère « castratrice » qui veut encore régenter sa vie ?

Une fois de plus je me suis laissée séduire par l’écriture d’A. Grandes (superbe traduction de Gabriel Laculli) Pour moi c’est une très grande dame de la littérature espagnole et c’est un plaisir sans cesse renouvelé de plonger dans ses livres.

Du même auteur : Le coeur glacé

Sylvaine

Extrait :

Tel était le lien qui l’unissait à Andrès, sans cadeaux coûteux, sans baisers creux, sans démonstrations outrées de tendresse obligatoire ni compensations sentimentales d’un autre ordre. Pendant que Maribel finissait de ranger la cuisine, ils sortaient tous les deux dans le jardin et parlaient. Elle se renseignait sur le vent, demandait combien il y en avait, ce qu’ils annonçaient, s’ils étaient bons ou mauvais pour la pêche, pour les plantes, quels étaient leurs effets sur l’humeur de tous ces gens qui semblaient organiser leur vie en fonction du levant, du ponant, du vent du Sud, de la chaleur ou du froid, de l’humidité ou de la sécheresse, s’il valait mieux, selon les cas, laver ou ne pas laver le linge, sortir ou rester chez soi, ouvrir les fenêtres ou bien veiller à ne pas le faire pour éviter que le sable de la plage ne vienne se coller à la nourriture, abîmer le moteur des appareils électroménagers, s’infiltrer dans les rainures entre les tomettes d’où l’on n’arrive plus à le déloger, pour autant que l’on puise balayer. Andrès souriait, comme s’il ne pouvait concevoir la confusion qu’un mécanisme aussi simple avait réussi à semer dans l’esprit d’une dame pourtant si intelligente et âgée, et il répondait avec patience et clarté, en savourant, une rare sensation, celle de son importance.

Vents contraires 
Vents contraires de Almudena Grandes - Éditions Le Livre de poche - 896 pages
Traduit de l'espagnol par Gabriel Laculli.