Berlin 1945. Les russes sont aux portes de la ville. Les Furies, les avions alliés, intensifient leurs bombardements. La division Azul est rapatriée. Seuls certains soldats espagnols restent aux côtés de l'armée allemande.
Dès 1942, les nazis ont initié le projet WuWa, ces armes merveilleuses, dont fait partie la bombe atomique. Ces WuWa vont permettre enfin l'avènement du Troisième Reich. Mais tout est entravé suite au meurtre d'Ewald von Kleist, le scientifique chargé du programme atomique. Arturo Andrade doit identifier son assassin, éliminer les commandos alliés infiltrés, informer sur les derniers moments du Reich, le représentant de l'Ambassade d'Espagne pour le compte de Franco. Voilà le lieutenant à nouveau plongé dans les abysses du Mal. Pour ce faire, Il doit travailler en équipe avec la démoniaque et noire SS.
Au milieu de ces démons des ténèbres, Ignacio del Valle nous offre une enquête frigorifiante d'horreur. Il faut parfois avoir le cœur bien accrocher au moment des interrogatoires des SS, les fondements idéologiques du nazisme. L'auteur ne nous épargne rien sans pour autant tomber dans l'ignoble gratuit. Relater l'existant est largement suffisant. L'auteur prend soin de ne point en faire trop.
Arturo est excellent, attachant par ses failles et son indéracinable sens de la justice. Il est également l'excellent prétexte pour l'auteur d'entraîner son lecteur dans le cœur noir du Reich, dans son administration si mécanique, si aveuglément disciplinée. On est au cœur de la Bête Immonde. Tout cela est effrayant. D'autant plus que cette Bête mord toujours et plus violemment encore que sa fin est proche.
Évidemment, les ravages de la guerre sur Berlin se font cruellement ressentir sur sa population prisonnière de son armée fanatique. L'avancée des chars russes, les sévices perpétrés sur les populations et les bombardements allié, rien n'est épargné. On y voit la constance de la vie dans les gestes du quotidien, les files d'attente pour le ravitaillement, trouver de l'eau, courir aux abris, fuir les incendies. La vie coûte que coûte.
Voila donc une nouvelle enquête captivante, passionnante sur les derniers moments de Berlin, les horreurs de la guerre. Le lieutenant Andrade s'en sortira-t-il indemne pour autant ?
Du même auteur : Empeurs des ténèbres
Dédale
Extrait :
- Tu as remarqué ? On dirait que son âme est encore dans la pièce.
Arturo, conscient que deux des trois hommes qui l'accompagnaient ne devaient pas comprendre un traître mot de ce qu'il disait, répéta sa phrase, en allemand cette fois-ci. Les deux SS exprimèrent leur perplexité dans leur langue aux accents rêches et, avec le camarade espagnol qui se tenait à leurs côtés, scrutèrent la mort horrible, pâle et objective qui se dressait devant eux. La blanche et colossale maquette de Germania, la métropole que Hitler projetait de construire sur le vieux Berlin pour en faire la capitale du futur Reich, s'étalait sur une plate-forme qui occupait toute la salle. Des avenues de sept kilomètres destines aux défilés, des arcs de triomphe de plus de cent mètres de hauteur, des gares aux façades longues de quatre cents mètres, des ministères, des opéras, des places, des musées, des prisons… le tout conçu à la mesure de la mégalomanie de Führer, et, au fond, la Volkshalle, la halle du Peuple, avec une capacité de cent quatre-vingt mile personnes et un dôme seize fois plus gans que celui de Saint-Pierre de Rome, couronné d’un immense aigle. Là, devant l'entrée principale, légèrement décalé sur la droite, tel un macabre Gulliver, gisait le cadavre d'un homme. Il reposait sur le ventre, avait le bras gauche étiré, la main agrippée à l'un des immeubles en plâtre son sang maculait la blancheur des bâtiments qui l'encerclaient, formant une composition abstraite. Arturo n'eut pas besoin de voir son visage pour savoir de qui il s'agissait : cela faisait une heure qu'ils le recherchaient dans toute la chancellerie.
Les démons de Berlin de Ignacio del Valle - Éditions Phébus - 406 pages
Traduit de l'espagnol par Karine Louesdon et José Maria Ruiz-Funes Torres
Commentaires
mardi 17 juillet 2012 à 14h50
Dédale, il s'en est fallu de peu pour que je laisse tomber Istanbul au profit de Berlin ! ! Les démons sont là, sur ma table, attendant avec impatience que j'en ai fini avec Istanbul. Donc, dès que... je me précipite sur ces démons,sur lesquels j'ai déjà jeté un œil quand même !
mardi 17 juillet 2012 à 15h54
:-D Tu m'en diras des nouvelles de ces Démons.
jeudi 26 juillet 2012 à 18h34
Oui, c'est vraiment l'Enfer pour Arturo et les autres! le livre est tout aussi passionnant et impressionnant que le précédent. J'ai bien aimé le clin d'oeil final de l'auteur lorsqu'il fait dire à un de ses personnages:"Souvenez-vous que la résolution de toute énigme est toujours moins intéressante que l'énigme en elle-même". A quand la traduction du premier tome de la trilogie d'Arturo Andrade?
jeudi 26 juillet 2012 à 20h13
Hé, hé, Marimile, je savais bien que cette histoire infernale te plairait

J'ai également apprécié ce clin d’œil très intelligent,
Quant à la traduction du premier tome de la trilogie, je ne saurai te dire. Au moins la question est posée si d'aventure l'auteur ou l'éditeur passent par ici
jeudi 6 juin 2013 à 15h11
Je viens de découvrir cet auteur et j'ai apprécié. Bravo pour votre article aussi.
j'ai publié aussi une fiche dans mon blog http://www.noircestnoir.com/2013/06...
Cordialement.