La tradition des Guerriers du silence remonte aux origines de l'humanité sur Terra Mater. Berceau d'une science magique : la transmission du Son de Vie, l'Antra, la note primordiale de la tradition Inddique. Le Chant premier, le Verbe créateur, la force à l'origine du monde. L'Antra permet aux guerriers du silence de se téléporter d'un monde à l'autre par le pouvoir de l'esprit, de se remettre plus vite de certaines blessures. Et grâce à quelques précieuses reliques de lutter contre le Démon noir, destructeur de toute vie dans l'univers. Les pouvoirs de l'Antra nécessitent d'avoir un cœur noble et un esprit ouvert. Tous les pouvoirs, à condition qu’ils soient utilisés dans le respect de la justice et de l'honneur, de la vie.
Épique, polyphonique, ce premier roman donne plusieurs points de vue sur cette guerre ravivée contre le Mal. Tout est fait pour que l'on s'attache aux personnages du Bien, sans laisser ceux du Mal dans l'ombre. Eux aussi sont soignés, convaincants. Les Néo-Masham, adeptes du Dieu Noir, ne sont que noirs esprits. Ils ne lésinent pas avec la torture, la douleur, la mort. Le but ultime est la destruction totale de toute source de lumière, de vie.
Il a donc Sékhem, la jeune amirale de la flotte des six anneaux de Sbarao. Dans les bas-fonds de Raya aux dunes d'Osgore, Sahel le Vitaguerrier découvre les énergies de l'ancien monde. Sur différentes planètes, qu'ils soient guerriers ou magiciens comme Hartmon ancien époux de Sékhem, la douce Nephtys aux pouvoirs sorciers, le mystérieux Lyorin aux côtés de Sahel ou le Maître Tau Phraïm dernier rempart contre l'anéantissement et bien d'autres, tous savent que la lutte sera sans merci, qu'ils ne pourront compter que sur leur force, la pureté de leur esprit et leur cœur, leur sens de la justice.
Impossible de vous lister tous les personnages, tous très fouillés. Impossible de vous raconter toutes les aventures, douleurs, phases de doute, les combats qui s'enchaînent à une vitesse folle. C'est captivant, riche, foisonnant.
Oui mais voilà, le flot est presque trop important. A un moment, je me suis lassée de ces combats violents, de ces sauvetages in extremis, des trahisons, doutes en chapelets en veux-tu en voilà, suivis de phases de concentration mentale et respirations apaisantes dignes des meilleurs yogi. Autant l'auteur prend son temps pour présenter ses mondes, ses héros et les démons noirs, autant quand l'action s'enclenche, tout s'accélère comme s'il fallait plonger au plus vite dans l'action. A moins que l'auteur lui-même avait envie d'en finir au plus vite.
Et puis, il y a cette foule de sources d'inspiration très reconnaissables, ce qui fait que je n'ai pu entrer complètement dans l'action, je suis restée en retrait, en observatrice. On retrouve les camps de concentration, sa barbare loterie, la grande évasion, les anges observateurs, des quêtes de reliques comme autant de Graal, des voyages dans le futur et le passé, les pharaons, les principes bouddhiques, la sagesse himalayenne... etc. Les principes de paie universelle de toutes les religions, la magie, la force de l'esprit et le respect primordial de la vie.
Ce Chant premier est très cinématographique, son écriture est rapide, vivante, précise. Il serait parfait pour une adaptation sur grand écran avec nombreux effets spéciaux dont les américains sont passés maîtres. Tous les ingrédients sont là.
Pour un premier roman, c'est tout de même intéressant malgré une fin qui arrive trop rapidement et qui surtout vous laisse sur un terrible sentiment de frustration. Eh c'est tout. Et la suite ?
Petite déception donc, mais l'auteur prouve ici qu'il sait broder 285 pages sur l'idée suivante : la vie et le néant auraient-ils besoin l'un de l'autre pour exister ? Évidemment, la question reste en suspend.
Dédale
Du même auteur : Le Livre de la Création.
Extrait :
Avant de vous transmettre l'Antra, Sahel, je pense qu'il est important que je vous instruise sur nos ennemis et vous dévoile leurs plans. Les Chevaliers du Néo-Mashma sont dirigés par le Dieu Noir qui n'est autre que l'incarnation du néant. Galvanisé par les pouvoirs qui lui sont offerts, ce petit groupe d'aristocrates syracusiens est persuadé d'obtenir un jour la souveraineté sur l'ensemble des peuples humains. Mais le but réel du Dieu des Ténèbres est de supprimer toute forme de vie dans l'univers. D'ailleurs, ses sbires eux-même ne sont pas tous conscients du fait qu'ils disparaîtront dans le processus. Pour parvenir à ses fins, le Dieu Noir a lancé ses chevaliers à la poursuite de cinq reliques, cinq objets de pouvoir qui peuvent déclencher l'apocalypse s'ils tombent entre de mauvaises mains. La première, la plus redoutable des reliques, est la Lance du Destin. Elle permet de tuer n'importe quel ennemi, même un être immortel. C'est cette lance qui a percé le flanc du Kreuz le jour de sa crucifixion. La seconde relique est le Jeu du Dharma. Il permet à son possesseur de remporter toute bataille impliquant des armées, en lui fournissant une stratégie infaillible. Ensuite, vient l'effroyable Pasuapata, une arme mentale qui peut détruire les habitants d'une planète tout entière. Elle ne peut être utilisée qu'une seule fois. Le quatrième objet est le Corindon Julien, une bague de guérison sacrée ayant appartenu au Kreuz. Son porteur est quasiment invulnérable s'il connaît la formule pour la rendre active. Et enfin, le grand Livre de la Création ouvre un chemin direct vers les Annales Inddiques : un passage qui permettrait à ces déments d'affronter le Gardien de l'univers, Tau Phraïm.
Le chant premier : les derniers guerriers du silence de Yoann Berjaud - Éditions Mnémos - 285 pages
Commentaires
vendredi 3 août 2012 à 10h29
Miam !
Je savais qu'il allait m'intéresser celui-ci. Depuis le temps que je le reluque chez mon libraire... Faudra que j'essaye
Merci pour la chronique Dédale !
vendredi 3 août 2012 à 18h52
N'est-ce pas une énième narration calqués sur le Seigneur des Anneaux ? Cet extrait donne à le penser. En direz-vous plus sur l'originalité du récit ?
vendredi 3 août 2012 à 20h00
Merci Coeur
Rémy D. Viedemann, dans cette lecture, je n'ai trouvé aucune référence ou même clin d’œil au Seigneur des Anneaux. Ce Chant premier offre vraiment un tout autre univers. Toute l'originalité de ce roman tient à ses personnages, à ces fameux guerriers du silence, à la combativité hors norme de chacun, chacune avec ses propres moyens. L'enjeu est si immense : la préservation de l'Humanité, de la Vie face du Mal absolu.
Premier roman vraiment intéressant. Je suis juste un peu déçue parce que j'ai eu l'impression que l'auteur pouvait aller encore plus loin, limiter les répétitions de situation, qu'il en avait comme "gardé sous le pied". Attendons de voir s'il confirme ou pas avec le prochain roman.
lundi 6 août 2012 à 10h44
Pour ma part j'ai "adoré" ce premier roman,et je pense que l'auteur (qui est en pleine écriture de la suite)à un superbe "avenir" en perspective dans l'écriture de la science-fiction...
http://gilbord.over-blog.com/articl...
Voir ma "critique sur mon blog...
Amitiés à tous...Gilles...!!!
lundi 6 août 2012 à 11h03
Gilbord, attendons la suite. Assurément, un auteur à suivre attentivement.
vendredi 4 janvier 2013 à 01h08
Attiré par la référence à l'excellente trilogie de Pierre Bordage j'ai été rapidement ... Très déçu.
Au bout de 100 pages, on aura compris que tous les personnages ont des pouvoirs magiques (?!) qui leurs permettent de se sortir de situations plus improbables les unes que les autres, les "méchants" sont aussi subtils que des briques, et les décors aussi originaux qu'un film de série b (ou z?). C'est manichéen à l'extrême et, pour une raison sans doute freudienne, toutes les femmes sont belles et brunes.
En résumé : c'est le marc Lévy de la SF. Certains y verront un intérêt, il en faut pour tous et c'est bien correct, mais on est très loin de l'excellente référence affiche en gros sur la couverture... Amateur exigeant, passe ton chemin.