Bon d’accord, jusque là rien d’anormal. Jusqu'au moment où Belinda lui annonce que Benji, son fils, est venu lui fêter son anniversaire… Or Benji est mort depuis 1954 dans la terrible inondation de Littleton-Flats suite à la rupture du barrage Aurora. Cette inondation a dévasté la ville ne laissant qu’une survivante une petite fille de 3 ans à l’époque. Et si Belinda elle-même n’a pas succombé dans le naufrage c’est qu’elle avait été retenue pour garder les enfants de sa patronne.

La journée s’annonce bien chargée pour Tom Valle quand un accident mortel vient d’avoir lieu. Il s’y précipite pour interroger le survivant et témoin de l’accident.

Toujours rien de palpitant me direz-vous, mais attendez un petit peu. D’abord Tom Valle n’est pas n’importe quel journaliste : c’est celui qui a réussi à faire publier dans un très grand journal national de New York, 56 articles complètement tirés de son imagination et qui a fini par être pris la main dans le sac. Condamné à un exil journalistique de 5000 km au moins de N Y, voilà pourquoi nous le retrouvons dans cette feuille de chou locale !

Mais voilà, qui a menti une fois reste aux yeux de tous un menteur. Et même quand il va enfin déterrer une affaire explosive, personne ne voudra ou ne pourra le croire…. Seuls le croiront et voudront l’éliminer ceux qui savent déjà et qui ont beaucoup de pouvoirs si ce n'est tous les pouvoirs.

Commence alors une course poursuite haletante : arrivera-t-il à débrouiller l’écheveau de toutes ces informations ultra secrètes et tenues secrètes par tous les moyens au nom de la sécurité de l’Etat ? James Siegel écrit là une superbe histoire haletante, prenante, absolument ahurissante et pourtant plausible. Un bon thriller où la science, la politique, et l’incroyable sont mêlés. Seul petit bémol, la quantité incroyable de flash-backs rendant parfois la lecture malaisée et une écriture très, très « simpliste » même si très efficace.

Sylvaine

Extrait :

J’écris aussi vite que je le peux.
Tel le Pony Express, je traverse une contrée hostile au grand galop car je dois absolument livrer le courrier.
J’ai déjà reçu mon compte de flèches. Et bien que blessé, je ne suis pas mort.
Pas encore.
De toutes mes forces, j’essaie de n’oublier aucun des éléments essentiels.
Je ne suis pas complètement au point pour ce qui est de la chronologie, des causes et des conséquences. Des détails spécifiques.
J’admets cela de mon plein gré et en toute sincérité. Ainsi, lorsque tous ces petits relecteurs commenceront à sortir leur stylo rouge - ce qu’ils ne se priveront pas de faire - j’aurai, je l’espère, freiné le jet de leur venin ne serait-ce qu’un instant.
Je ne leur en veux pas. Vraiment pas.
Je suis, après tout, celui qui a crié au loup. Qui l’a gueulé, l’a hurlé, l’a étalé en lettres de cinq centimètres de haut sur la première page des journaux.
Mea culpa
Tout ce que je peux vous dire, c’est que, enfermé dans cette chambre de motel étouffante, je suis en train d’écrire la vérité, toute la vérité, la vérité la plus simple et la plus pure.
Que Dieu m’en soit témoin. Parole de scout. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.
Car de toute façon, je vais mourir.
Ce n’est pas seulement mon dernier reportage.
C’est mon testament, le tout dernier que je rédigerai.
Alors concentrez-vous.
Mon exécuteur testamentaire, c’est vous.

Storyteller
Storyteller de James Siegel - Éditions du Cherche Midi - 461 pages
Traduit de l'anglais par Simon Baril