Il faut tout de suite signaler que Sophie Loubière maitrise à merveille l'art du suspense et la capacité de tenir en haleine le lecteur. Car il est quasiment impossible, tout au long de la lecture, de savoir ce qui arrive à Elsa, cette vieille institutrice à la retraite. Est-elle folle ? A-t-elle besoin de se donner des émotions pour combler sa solitude ? Ou lutte-t-elle seule contre tous, son fils, les services sociaux, son psychiatre ?
Elsa est en effet persuadée qu'il se passe des choses plus qu'étranges dans le pavillon en face de chez elle. Officiellement y est domicilié un couple sans histoire, avec ses deux enfants, scolarisé. Mais Elsa a vu, presque toutes les semaines, dans le jardin, un jeune enfant maladif, timide, à qui personne ne parle. Il ne sort que rarement et sa seule occupation est de jouer avec les cailloux qu'il trouve sur le sol.
Elsa, intriguée, décide de mener son enquête. Elle se rapproche des parents et des enfants, de l'école où ils sont scolarisés, des services sociaux. Pourtant tout le monde est formel : le couple en question n'a que deux enfants, et rien ne permet d'en douter.
C'est sur cette trame que se déploie toute l'habileté de Sophie Loubière. Au cœur du roman, il y a ce doute persistant de savoir où est la vérité. Puis elle y ajoute de nombreux problèmes plus personnels : des relations compliquées avec son fils unique, un retour dans la ville où elle a grandi, des difficultés à affronter un passé qui la rattrape. Mais elle fait également preuve d'une belle maîtrise dans les scènes d'action, assez fortes ici. Le roman est une belle réussite, avec un personnage de femme âgée attachant, une intrigue haletante et une écriture sobre et efficace, que ce soit pour les dialogues ou pour les lettres qui parsèment le roman. Vraiment, je suis très content d'être passé derrière cette voix !
L'avis de Liliba, que je remercie pour le prêt de ce roman.
Extrait :
Le dimanche était un terrible jour. Les enfants ne revenaient pas de l'école en chantonnant sur le trottoir, le facteur ne circulait plus en faisant tinter la sonnette de son vélo, le ballet des camions-bennes et tracto-pelles travaillant sur des chantiers avoisinants cessait brutalement, les vitres de la maison de Mme Préau ne vibraient plus à leur passage, la rue était déserte, le quartier comme siphonné de toute clameur, pas même un matou borgne pour traverser en fraude le jardin couvert de rosée, le silence épaississait jusqu'à l'insoutenable.
Alors Mme Préau regardait chez ses voisins.
L'enfant aux cailloux de Sophie Loubière - Éditions Fleuve Noir - 327 pages
Commentaires
mercredi 29 août 2012 à 08h49
donc un nom et un titre à retenir c'est fait !
dimanche 2 septembre 2012 à 20h04
Ma prochaine lecture, j'ai hâte