La jeune Wallah, fille d'un vieil archer viking craint et respecté, a été accueillie au sein de l'une des troupes de saltimbanques qui se déplace de châteaux en villages. Le destin de la jeune fille bascule le jour où son père meurt et où l'animal déguisé en monstre est brûlé sur le bûcher. Le sort de la troupe est compromis. Wallah sait qu'elle devra dorénavant se débrouiller seule. Faire avec l'héritage de son père – un arc et des flèches d'une très grande qualité – ainsi qu'avec le don reçu de la Murée, vieille sorcière rencontrée dans la forêt.
Wallah est jeune, jolie, déguisée en garçon pour plus de sûreté. Elle est de plus loin d'être bête. Courageuse, elle va son chemin, sent que son père ne lui a pas tout dit sur sa filiation. Le mystère est entier pour elle et le lecteur sur l'histoire de sa famille, ses origines.
Au fil de ses pérégrinations avec ce qu'il reste de la troupe, on suit Wallah dans un climat envoûtant et plein de suspense. S. Brussolo sait jouer avec nos frayeurs plus ou moins cachées. On a même l'impression d'entrer dans l'antre de Barbe bleue en suivant Wallah dans le château d'Ornan de Bregannog.
Un terrible mystère entoure le Chevalier Ornan. Il est un des rares à avoir survécu au carnage d'Azincourt et être revenu des croisades d'Orient. Mais voilà, a-t-il perdu la tète ou bien est-il réellement poursuivi par un monstre à deux têtes, créé par tous ses péchés et crimes causés par lui ?
Mystères, mystères. S. Brussolo en profite aussi pour régler quelques comptes avec la chevalerie totalement coupée des réalités de ses terres, des gens qui la fait vivre. De même pour cette religion chrétienne qui use plus de l’excommunication et du bûcher que de l'Amour du prochain. Ajoutons pour faire bonne mesure, les peurs, les superstitions alimentées par le manque d'éducation, de rencontres avec les autres mondes.
La fille de l'archer est à mon sens une réussite fort bien maîtrisée d'un bout à l'autre. On n'a pas envie de voir la fin du livre tellement cela semble court. Un autre défaut, s'il faut en chercher un, devoir attendre la suite. Vite, vite !
Dédale
Du même auteur : Le syndrome du scaphandrier..
Extrait :
Ces derniers temps, sentant sa fin prochaine, Gunar s'est évertué à lui enseigner les secrets de l'archerie, la science des flèches, de la courbure du bois, la magie de la corde, les mystères de l'empennage… Car il a été un grand fabricant d'arcs dans sa jeunesse. Il n'ignore rien des problèmes de trajectoire, de compensation par rapport à la force du vent, de la façon dont il convient de calculer la dérive du projectile en fonction de la distance. Ses mutilations l'ont à jamais privé de la joie de donner naissance à d’autres arcs. Arcs de chasse, arcs de guerre…
- C'est grande pitié qu'ici, en ce pays, a-t-il souvent confié à Wallah, on tienne l'arc en mépris, sous prétexte que c'est une arme qui tue de loin, donc fourbe. Les chevaliers n'ont de vénération que pour l'épée et l'affrontement au corps à corps, ce qui est stupide. À chaque nouvelle bataille, en dépit de leurs carapaces de fer, ils tombent le nez dans la boue et le sang, vaincus par ces petits morceaux de bois volants qu'expédient nos arcs de manants. Cela s'est vérifié à Crécy, jadis, et encore récemment à Azincourt… Mais c'est le propre de la chevalerie française de ne jamais tirer leçon de ses erreurs.
La fille de l'archer de Serge Brussolo - Éditions Fleuve Noir - 301 pages
Commentaires
mardi 4 septembre 2012 à 18h26
Merci pour ce commentaire passionnant qui me donne envie de lire ce roman !
lundi 11 février 2013 à 08h41
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