Le roman retrace la vie de cette jeune femme, marquée par un accident de poussette : alors qu'elle promène dans son établissement scolaire le bébé de sa professeur de puéricultrice, les roues de l'engin se prennent dans une grille et l'enfant retombe. C'est pour elle la fin de son rêve de puéricultrice, et le début d'une vie atypique.
Car elle a du mal à se reconstruire. Ses études d'horticulture tournent court à cause d'un incendie qui détruit une grande serre à papillons. Elle trouve l'amour sur un terrain de golf, avec un homme-grenouille qui plonge dans les bassins pour récupérer les balles perdues par les joueurs.
Mais l'envie la plus forte de cette femme est d'avoir un enfant. Malheureusement, le traumatisme de la poussette l'empêche de devenir mère. Elle trouve un donneur de sperme gratuit en Hollande, mais la fécondation échoue. Elle choisit donc de commander par la poste, un poupon en plastique, nommé Newborn. Mais là encore, elle a du mal à s'en occuper.
Ce court roman de Dominique de Rivaz est un exercice assez surprenant. Au cœur de l'ouvrage, on trouve le portrait de cette femme, dont on ne sait pas trop quel est le réel état psychique : est-elle déficiente mentale depuis l'enfance ? Est-ce l'accident de poussette qui est le début de la chute de cette femme ? Et que penser de cette dernière page, qui surprend le lecteur, car elle présente une nouvelle facette de cette femme ?
Mais l'une des forces du roman est de donner, en quelques pages, de grandes scènes de littérature, assez mémorables. La plus marquante est certainement celle où des milliers de balles de golf sont déversées dans les rues de la ville, offrant un spectacle réjouissant sur le coup, mais créant des difficultés urbaines conséquentes (canalisations bouchées, notamment). Mais une scène de plongeon dans un lac ou la sortie de l'homme-grenouille des bassins sont également marquantes. Un petit ouvrage qui sort des sentiers battus et donne à lire une histoire tout à fait originale.
Extrait :
Je me suis endormie et j'ai fait un drôle de rêve. Je venais d'accoucher. D'un chausson de ballet. Un chausson pour faire des pointes, très usé, en satin rose saumon. Il avait dû être beaucoup porté parce que la cambrure de la semelle était cassée et la pointe laissait apparaître ce qui était en dessous. Un lacet, un seul, rose sale, traînait sur le sol entre mes jambes.
La poussette de Dominique de Rivaz - Éditions Buchet-Chastel - 106 pages
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