Comme dans de nombreux récits, Jean Echenoz raconte la petite histoire dans la grande. La petite histoire, c’est celle de tous ses personnages qui convergent vers la grande place du village : il y a là Charles, le frère admiré et détesté Charles porte beau…
, il y a les trois autres vendéens avec qui il partira – Padolieau, Bossis et Arcel – et il y a une femme bien sûr, comme dans toute forme romanesque qui se respecte – et Jean Echenoz respecte la forme romanesque comme il se doit.
Blanche, qui salue d’abord Charles d’un sourire fier de son maintien martial
mais aussi Anthime qui a reçu d’elle une autre variété de sourire, plus grave et même, lui a-t-il semblé, un peu plus ému, soutenu, prononcé, va savoir au juste.
Charles, qui sait tout mieux que les autres, est convaincu que cette guerre, c’est l’affaire de quinze jours, tout au plus
. A quoi répond invariablement Anthime je n’en suis pas si sûr.
Evidemment nous donnons raison à Anthime, nous qui connaissons notre histoire de France, on a tous lu quelque part le récit des ces hommes qui partent la fleur au fusil, en chantant la marseillaise, les officiers au pantalon beaucoup trop voyant et qui vont être des cibles idéales, les femmes qui acclament les soldats et les trains qui s’ébranlent vers les Ardennes. On va suivre les quatre vendéens aux côtés d’Anthime, et ceux-là vont tenter de ne pas se quitter malgré les opérations militaires. On songe à Liliane Beauquel et son très beau Avant le silence des forêts d’une même solidarité entre hommes – de l’autre côté des tranchées.
Pendant ce temps Blanche a rendez-vous chez le médecin de famille. Mais avant, toujours ce style inimitable de Jean Echenoz pour nous décrire des intérieurs que ce soit l’atmosphère dandy de Ravel, l’Amérique du début du siècle dernier Des éclairs ou celle d’une maison vendéenne :
Il règne une drôle d’ambiance disharmonieuse dans cette chambre, pourtant si calme et bien rangée (…) les meubles témoignent d’un effort de diversité forestière tel un arboretum : bonnetière à miroir en noyer, bureau en chêne, commode en acajou et placages de bois fruitier, le lit est en merisier et l’armoire en pitchpin (…) on se demande d’abord comment des essences si diverses peuvent s’entendre entre elles.
Pas de doute, selon le Docteur Monteil, Blanche est bien enceinte. De Charles sans doute. Lequel Charles a deux passions dans la vie : la photographie et l’aviation. Grâce à l’appui du Docteur Monteil (qui a des « relations ») il va réussir à allier les deux sur le front militaire : Echenoz nous le décrit avec le pilote Alfred Noblès, survolant les troupes à l’aide d’un biplan biplace Farman pour une mission de reconnaissance. Oui mais voilà nous sommes pendant l’été 1914 et les Français n’ont pas encore imaginé que la guerre pouvait se transporter dans les airs, pour l’instant Charles ne fait que de la photographie, mais ils croisent bientôt un biplace Aviatik ennemi dont la trajectoire vers le Farman laisse peu de doutes quant à ses intentions.
Résultat : une balle allemande traverse l’œil gauche de Noblès et Charles voit s’approcher le sol sur lequel il va s’écraser, à toute allure et sans alternative que sa mort immédiate, irréversible, sans l’ombre d’un espoir – sol présentement occupé par l’agglomération de Jonchery-sur-Vesle, joli village de la région de Champagne-Ardenne et dont les habitants s’appellent les Joncaviduliens.
Le lecteur appréciera cette précision.
Jean Echenoz décrit donc la vie au front pendant ses premières semaines de bataille d’une année 1914 qui n’en finit pas. Mouvements de troupe désordonnés et sans expérience, tranchées et galeries interminables, premiers gaz aveuglants, liste de tous les animaux peuplant la vie des soldats, dont deux particulièrement désagréables comme le pou et le rat.
Canon tonnant en basse continue, obus fusants et percutants de tous calibres, balles qui sifflent, claquent, soupirent ou miaulent selon leur trajectoire, mitrailleuses, grenades et lance-flammes, la menace est partout.
Pendant ce temps en janvier 1915 Blanche met au monde une petite Juliette, une enfant avec un père qui a hérité de la croix de guerre posthume, mais personne ne s’en émeut, parce qu’il n’y a plus que les femmes et les vieillards restés au village.
Anthime, lui, est la cible d’un éclat d’obus retardataire et voit son bras droit sectionné. Tous le félicitent : quelle chance il a ! C’est la blessure idéale qui vous ramène illico au bercail. Anthime aura ainsi évité Verdun, comme le précisera Blanche un peu plus tard.
La fin de l’histoire sera plus réjouissante pour Anthime et Blanche. L’usine Borne-Sèze de chaussures a prospéré pendant la guerre et Anthime a remplacé Charles au conseil d’administration. Ils se retrouveront pour quelques jours à Paris et dans son style inimitable Jean Echenoz nous livrera le fin mot de l’histoire : Il s’est couché près d’elle et l’a prise dans son bras, puis il l’a pénétrée avant de l’inséminer. Et à l’automne suivant, précisément au cours de la bataille de Mons qui a été la dernière, un enfant mâle est né qu’on a prénommé Charles
. Fin du récit et fin de l’histoire, Jean Echenoz a réussi à nous faire revivre ces semaines éprouvantes de la Grande Guerre et une fois encore c’est comme si on y était.
Du même auteur : Courir, Je m'en vais, Des éclairs, Caprice de la reine
Alice-Ange
Extrait :
Le sac ne pesait d’abord, vide, que six cents grammes. Mais il s’alourdirait vite par un premier lot de fournitures réglementaires, soigneusement réparties et consistant en matériel alimentaire – bouteilles d’alcool de menthe et substitut de café, boites et sachets de sucre et de chocolat, bidons et couverts en fer étamé, quart en fer embouti, ouvre-boîte et canif -, en vêtements – caleçons court et long, mouchoirs en coton, chemises de flanelle, bretelles et bandes molletières -, en produits d’entretien et de nettoyage – brosses à habits, à chaussures et pour les armes, boîtes de graisse, de cirage, de boutons et de lacets de rechange, trousse de couture et ciseaux à bouts ronds -, en effets de toilette et de santé – pansements individuels et coton hydrophile, torchon-serviette, miroir, savon, rasoir avec son aiguisoir, blaireau, brosse à dents, peigne – ainsi qu’en objets personnels – tabac et papier à rouler, allumettes et briquet, lampe de poche, bracelet d’identité à plaques maillechort et aluminium, petit paroissien du soldat, livret individuel. (…)
L’ensemble de cet édifice avoisinerait alors au moins trente-cinq kilos par temps sec. Avant qu’il ne se mette, donc, à pleuvoir.
14 de Jean Echenoz - Editions de Minuit - 124 pages
Commentaires
jeudi 6 décembre 2012 à 09h27
Distance, dérision, une pointe appuyée de cynisme. C'est un procédé, brillant - j'ai lu jusqu'au bout - mais sans effet durable. A part peut-être la description du manque du bras amputé.
Décidément, comme dans "Je m'en vais", Echenoz, à force de rester en observateur amusé et sans illusions à la surface des choses, noie ses livres dans mon indifférence.
Bref, ce n'est pas du tout comme si j'y étais... Pourtant, avec un titre pareil, j'attendais d'être séduite.
jeudi 6 décembre 2012 à 11h41
Toujours l'élégance inimitable et la concision de Jean Echenoz,que je ne sens pas seulement comme un observateur amusé des choses, mais comme un moraliste et un contempteur de cette guerre effroyable.
jeudi 6 décembre 2012 à 11h58
Du grand Echenoz, cette vacuité à la surface du monde.
Bref une signature.
14 vu par la petite lorgnette cynique d'un observateur qui prends ses distances avec le monde.
Bref, c'est sympa à lire mais il ne faut rien en attendre de plus.
La mort en formules anecdotiques c'est toujours amusant
et j'avais lu quelque part qu'il serait intéressant de le voir traiter de même
tous les grands sujets brulants sur ce mode.
Mais 14 est plus comique que d'autres grands drames du monde
et tellement désuet. So Vintage ajouterait Madame Figaro.
Bref aussitôt lu (1heure) on se demande quel était le sujet
sur ces 120 pages écrites en gros caractères.
Les gens pressés et les traiteurs de surface y trouveront leur compte
dans ce petit fascicule malin, plaisant à vrai dire,
mais avec cette affectation de la distance
sur le mode zapping que notre société affectionne.
Bref, si tout le monde adore, la messe est dite.
Au suivant !
jeudi 6 décembre 2012 à 12h09
A propos de la chronique, chère Alice-Ange,
une page pour parler de 120, c'est presque amusant.
Qui plus pour nous en faire quasi le résumé...
Terminer par "c'est comme si on y était" reste un grand mystère
pour moi, car il n'y a aucune émotion dans ce livre,
juste des comptes rendus de situations.
Visiblement nous n'avons pas lu le même livre.
Vous devez confondre avec Genevoix, Remarque, Jünger, Barbusse
et plus récemment avec celui de Lilyane Beauquel.
A moins de lire en creux ces livres dans celui d'Echenoz...
jeudi 6 décembre 2012 à 21h02
Merci à tous pour vos réactions pertinenates et de votre lecture attentive de cet ouvrage.
@Sylvie : de la distance et du brillant : oui, mais pour moi c'est une manière dicrète et raffinée de dire bien des choses sans en avoir l'air. J'ai eu l'impression de partager le quotidien d'Anthime pendant quelques pages, en nous donnant une vision panoramique comme balayée par une caméra embarquée à bord d'un avion.
@ Marimile : de l'élégance, oui, tout à fait, comme lorsqu'il décrit son personnage de compositeur dans "Ravel" avec un vernis moraliste qui est très décalé par rapport aux courants d'aujourd'hui
@Bébert : je ne suis pas sure que seuls les gens pressés et les traiteurs de surface y trouvent leur compte, je pense que des lecteurs attentifs peuvent y trouver du plaisir, et que sous la surface apparente des choses sont dites, parfois les silences et les blancs révélant plus qu'un long discours. Pour moi Jean Echenoz est quelqu'un qui ne cherche pas à s'imposer, n'en écrit pas trop, mais restitue une ambiance, un parfum, une couleur témoin de l'époque qu'il décrit.
Nous n'avons pas lu le même livre : c'est tout l'intérêt d'un blog comme celui-ci que de confronter nos lectures. On peut consacrer 5 billets pour parler de 137 pages ("les Onze" de Pierre Michon par exemple) quand la matière est dense. J'ai essayé de restitué l'émotion que m'a donnée ce "14" en en racontant le scénario mais aussi en citant quelques phrases, tant le style de Jean Echenoz me semble caractéristique. Sur un thème proche de celui traité parLilyane Beauquel, le traitement est très différent avec une touche d'humour d'une grande élégance, malgré la gravité du thème. Je ne le confonds pas avec les grands auteurs que vous citez, je trouve que cet auteur a dans le paysage littéraire une voix singulière à laquelle pour ma part je suis très sensible.
Merci à tous pour vos contributions
vendredi 7 décembre 2012 à 18h26
Quand vous citez le livre de Lilyane Beauquel paru l'année passée et que vous semblez avoir apprécié (à juste titre!), Echenoz semble l'avoir pris comme référent pour écrire le sien en total contre-pied, une trame à l'envers en somme.
Peut -être un hasard, peut être le désir de ne pas se laisser confisquer un sujet, mas visiblement personne n'en a fait la moindre remarque.
Seul Echenoz pourrait nous le dire...car il doit être au courant des sorties littéraires, surtout sur un tel sujet.
Mais il a tout a tout à fait le droit de s'emparer lui aussi du thème et de le faire sien, même si les 4 émes de couverture sont les mêmes.
Quand je parle d'un livre pour gens pressés et traiteurs de surface, c'est justement ce sentiment d'embrasser un grand épisode historique
en très peu de pages.
Echenoz dépouille la carcasse de cette guerre et nous en livre un squelette.
J'ai lu ici ou là un peu de louanges sur l'émotion procurée par ce livre, là où les personnages n'en n'ont visiblement pas.
Mais la suggestion suffit sans doute à remplir les blancs, comme au cinéma.
Mais comme déjà dit plus haut, c'est malin,
élégant parfois et ça repose a tête.
Pourquoi au final en demandez plus.
La critique a été assez positive et Echenoz a même reçu un prix avant la dite sortie du livre,
c'est dire qu'il était attendu !
Le pire qu'il pourrait arriver à ce livre est qu'il soit pris comme référence pour parler de 14 par des professeurs zappeurs pompiers.
Ce livre reste un exercice sympathique, comme déjà dit, mais pas un chef d'oeuvre.
Mais une fois encore, pourquoi en demandez plus et il n'y a pas de honte à aimer les schamallows.
samedi 8 décembre 2012 à 19h38
Lyliane Beauquel a un très beau style, mais pour moi la lecture de "Avant le silence des forêts" a été laborieuse.
Rien de tel chez Echenoz dont le style est élagant, raffiné, mais jamais bavard.
Dans une interview donnée au Magazine "LIRE" il explique qu'il est tombé sur des carnets d'un appelé qui avait fait toute la Grande Guerre et qu'il a retranscrit. Au départ il n'avait pas l'intention de travailler dessus mais petit à petit il s'est pris au jeu. "Ce qui m'intéressait dans ses carnets" dit Jean Echenoz, "c'est ce que cet homme racontait la vie quotidienne, parlait du vent, de la pluie, de la neige, de la chaleur étouffante et de l'ennui."
Rien de grandiloquent donc dans son propos, un roman qui suit son personnage dans une situation où "les hommes n'ont plus aucun libre arbitre, dans un abominable étau. Les personnages sont agis plutôt qu'acteurs" dit-il encore.
C'est peut-être ce qui fait le charme de son écriture pour moi : il ne se soucie pas de réalisme ou de produire un roman historique qui ferait date pour les professeurs d'histoire, il raconte simplement l'histoire d'un homme banal, Anthime, au coeur de l'histoire.
C'est léger, agréable, et dit avec beaucoup d'esprit.
Et c'est cela qui m'a plu.
mardi 11 décembre 2012 à 13h01
Amen.
dimanche 23 décembre 2012 à 12h33
Bonjour,
Je n'ai pas encore lu 14 et ne peux donc avoir d'avis pertinent à ce sujet. Mais en tant que lecteur régulier de ce site, je regrette que ce billet dévoile autant l'intrigue... quel dommage pour ceux qui comme moi voulaient lire ce roman et auront lu avant ce billet...
mercredi 16 janvier 2013 à 17h56
J'arrive un peu tard pour mettre les pieds dans le plat et en plus j'ai lu ce livre il y a déjà un mois !
Mais je n'ai rien oublié ! Et sûrement pas, quoiqu'en disent ses détracteurs, les émotions qui m'ont saisie (et pas encore lâchée) en le lisant :
la peur constante de l'ennemi, la terreur de ses armes et de ses gaz,
la fatigue, l'épuisement, les mauvais traitements imposés sans aucune humanité,
la stupeur d'être embarqué dans une aventure imposée par la force (ah ! la scène où le pauvre ? - je ne sais plus lequel des 3 - se retrouve face à un gendarme et accusé de désertion et exécuté illico,
la misère et le désespoir de vivre dans la boue, la merde, les poux (Echenoz nous décrit ça en une page et tout y est : la puanteur, la saleté, des hommes transformés en rats bouffés par les rats et la vermine ! il n'a pas besoin d'étaler ses descriptions pendant des lignes et des pages): c'est tellement concis et efficace que chaque mot porte une image qui frappe au coeur.
C'est un livre qui donne à voir, à sentir, à frémir, le nombre de pages ne fait rien à l'affaire !
Et l'ironie (pas le cynisme, je ne suis pas d'accord), l'ironie, oui, est là pour tenir à distance cette horreur !
Echenoz a toujours pris le parti de rire -jaune- des situations désespérées, de les traiter avec une désinvolture apparente, ce qu donne une grande force à ses descriptions et à sa critique sous-jacente : jamais lourd, jamais insistant, toujours léger et élégant ! Chapeau !
mercredi 16 janvier 2013 à 21h29
@Victor : je ne crois pas avoir tout dévoilé de ce livre très dense. Si j'ai retracé les grandes lignes du scénario, qui est somme toute accessoire, il faut vraiment découvrir le style de cet auteur qui est très singulier. Et tout le sel de la lecture ne peut se résumer dans son intrigue, soyez-en sûr
@Katedulub : Merci pour ce point de vue très enthousiaste. Non, il n'est pas trop tard, c'est tout l'intérêt de ce blog de poursuivre une conversation au fil du temps, au fil des lectures des uns et des autres. Le principal, c'est qu'un livre nous fasse vivre des émotions, et là on sent que c'est bien réel. Oui la scène de désertion nous laisse pantois devant l'absurdité de toute guerre.
Et quant à l'ironie, je souscris aussi à ce point de vue, je trouve que J. Echenoz a beaucoup d'humour, un humour parfois "pince-sans-rire" mais un véritable humour, ne serait-ce que dans la dernière phrase que j'ai citée, qui ne dévoile rien de l'intrigue, Victor, n'ayez crainte.
Merci pour ces contributions à l'échange très riche autour de ce "14".
mardi 12 mars 2013 à 00h46
Lire "Les grands jours" de Pierre Mari et retrouver une acuité et une qualité d'écriture qui font penser à "La Peur" de G. Chevallier. L'élégance sans effet artificiel de détachement, la proximité et l'humanité des hommes côtoyés (qui ont existé) et une écriture magnifique, charnelle et concise.
Voilà un livre qui pour moi, parle de façon tellement plus vraie de la Grande Guerre et de ses combattants, que "14".
samedi 16 mars 2013 à 17h51
@Sylvie : de Pierre Mari je ne connais que
- plutôt provocateur mais intéressant - mais pas : néanmoins, en ce qui concerne ce de Jean Echenoz, s'il n'a pas selon moi le projet de faire un roman historique, il parvient néanmoins à nous faire suivre les émois de Anthime de façon très saisissante.Avec le recul je trouve que Marimile a eu la formule juste : un contempteur de cette Grande Guerre, un auteur qui nous dit l'absurdité des conflits qui broient les individus.
Je suis toujours enthousiaste en repensant à ce style qui selon moi fait mouche. Du très bon Echenoz !
dimanche 17 mars 2013 à 14h33
Je ne te convaincrai pas, tu ne me convaincras pas...Des goûts et des couleurs, en lecture comme dans tout le reste... Et heureusement !
Mais je serais curieuse d'avoir ton avis, et celui des autres Biblioblogueurs, sur "Les grands jours", à l'occasion. Je pense à Laurence, en particulier, qui avait été aussi émue que moi par "La Peur".
dimanche 17 mars 2013 à 17h05
Le rendez-vous est pris, Sylvie. Mais pourquoi pas par toi ? Nous attendons avec impatience ton billet sur
et nous poursuivrons l'échange comme tu l'as fait autour de .A très bientôt donc !
lundi 18 mars 2013 à 14h38
Je suis tombé par le plus grand des hasards sur ce blog dont j'ignorais tout. Merci, Sylvie, de parler de mon livre en ces termes fervents : j'y suis d'autant plus sensible qu'étant à peu près ignoré par la presse, je ne peux compter que sur le bouche à oreille des lecteurs comme vous. Je continuerai naturellement à suivre votre échange avec le plus grand intérêt... et je vous laisse débattre en me retirant sur la pointe des pieds !
lundi 18 mars 2013 à 16h57
Traitant avec talent de la "Grande Guerre", Echenoz a d'illustres prédécesseurs : entre autres, Chevalier, Barbusse, Dorgelès, Remarque, et plus récemment Boyden ou Beauquel. Cette dernière, dans "Après le silence des forêts", a, avec bonheur, usé d'une langue poétique en rupture totale avec l'ignominie des situations décrites. Ici, Echenoz, dans un style élégant, épuré jusqu'à l'os, frôlant l'ironie mais toujours avec délicatesse, nous parle, simplement, de gens simples confrontés à la bêtise intégrale. Efficace, et sûrement pas superficiel.
jeudi 21 mars 2013 à 21h14
@ Pierre Mari : nous sommes heureux de vous croiser sur ce blog : n'hésitez surtout pas à nous donner votre avis de lecteur sur les livres que nous chroniquons, et le RDV est pris avec Sylvie pour mieux découvrir votre ouvrage. C'est tout l'intérêt de BIBLIOBLOG que de nous emmener hors des sentiers littéraires pour faire des découvertes.
@Gatsby : tout à fait d'accord : son style est très épuré, certainement très travaillé, et très efficace et bien sûr je vous rejoins dans l'idée qu'il n'est certainement pas superficiel : il y a du fond sous cette forme épurée. De l'ironie, de la délicatesse et aussi de la finesse pour parler de la petite histoire dans la grande : n'oublions pas qu'à l'origine de ce roman il y a des lettres trouvées dans une malle qui raconte le quotidien d'un homme dans une guerre qui le dépasse. Très réussi, sans aucun doute pour moi.
vendredi 22 mars 2013 à 17h39
Merci de votre invitation,à laquelle je suis très sensible, mais il me paraît préférable que les lecteurs débattent entre eux sans que les auteurs descendent dans l'arène. Je pense que certains lecteurs pourraient considérer comme une manifestation d'inélégance qu'un écrivain critique le livre d'un autre écrivain ayant traité un sujet voisin du sien. Pour ne pas vous frustrer complètement (et pour être sincère), je vous dirai que je n'ai pas lu le livre d'Echenoz et que je ne le lirai pas. D'abord parce que je n'aime pas cet auteur (dont l'aimable vacuité occupe le devant de la scène littéraire depuis pas mal d'années), ensuite parce que plusieurs lecteurs m'ont envoyé des extraits de 14 qui m'ont ôté toute envie d'ouvrir son dernier livre. Merci d'avance à Sylvie, en tout cas, si elle souhaite faire un compte rendu de mon livre. Et qu'elle n'hésite pas à entrer en contact avec moi par l'intermédiaire de mon site.
mercredi 27 mars 2013 à 13h42
@Pierre Mari : j'ai beaucoup aimé le livre d'Echenoz. Je lirai le votre avec intérêt, tous les éclairages étant utiles pour tenter de comprendre comment il fût possible de se sentir encore "humain" dans un contexte où tous les repères avaient disparu.
jeudi 4 avril 2013 à 21h47
A mon tour d'ajouter mon grain de sel au sujet de ce titre. Lu très vite. C'est une écriture épurée... - limite trop - presque trop froide pour moi pour un tel sujet. Comme à l'époque de ma lecture de Ravel, j'ai eu la sensation d'être tenue à l'écart des personnages. Pas déçue mais pas non plus marquée que cela par ce roman.
vendredi 5 avril 2013 à 11h30
Eh oui, Dédale ! Echenoz traite les meubles comme des hommes - voir la jolie description de la maison du Docteur - mais les hommes comme du bois.
Il le dit lui-même : "va savoir au juste".
Va savoir si Charles et Anthime s'entendent, ou non, et pourquoi.
Va savoir si Blanche aime l'un, l'autre, ou aucun des deux.
Va savoir si la mort de Charles est tragique, ou juste burlesque parce que son avion s'abat sur les Joncaviduliens...
Procédés et artifices qui tombent à plat. Pour moi.
Je vais me faire descendre en flammes par Alice-Ange, Marimile et Gatsby, et sur Biblioblog, ça risque d'être aussi douloureux qu'à Jonchery sur Vesle !
vendredi 5 avril 2013 à 12h34
Mais non, Sylvie, ici on ne tire pas à boulet rouge.
On a le droit de ne pas aimer un titre, une écriture - dans la mesure où l'on agresse ni l'auteur et son travail, ni les autres lecteurs qui laissent un commentaire - du moment que l'on a des arguments solides pour étayer son opinion. Et un monde où tout le monde aimerait ou détesterait la même chose, m'est avis qu'il serait d'un ennui profond.
Donc, merci pour ton opinion qui permet ainsi la discussion
vendredi 5 avril 2013 à 20h30
Bien dit Dédale ! A pas peur, Sylvie, ici on ne lapide personne. Je viens de terminer le livre de Pierre Mari, et je partage sans réticence aucune votre analyse (12 mars 2013). Ce qui ne m'empêche pas de réitérer mon appréciation favorable sur Echenoz. Deux focales, pour une même sinistre Histoire.
vendredi 5 avril 2013 à 21h04
@ Sylvie : non, point de Haro sur votre commentaire, nous ne sommes pas là pour régler les comptes. Je ne partage pas votre point de vue sur l'écriture de Jean Echenoz : pour moi ce que vous appelez "procédés et artifices" est une question de style - que je trouve pour ma part au contraire très réussi, et qui nous fait entrer dans le quotidien de la vie d'Anthime, avec un humour décalé, auquel on peut ne pas être sensible.
Cela n'enlève rien à la qualité de la présentation de votre billet sur de Pierre Mari : les points de vue s'additionnent sans s'opposer selon mon point de vue.
@ Dédale et Gatsby : je ne saurais mieux dire. Le débat est ouvert sur ce blog, c'est tout l'avantage de confronter des points de vue, du moment qu'on respecte les avis des uns et des autres. Il n'y a pas de vérité en matière de goût littéraire, il y a juste des ressentis différents, mais il est important de pouvoir dire pourquoi on a apprécié - ou non - l'aventure que propose un écrivain. Pour moi, définitivement, comme Katedulub, je trouve ce
très réussi sur le plan du style : oui l'écriture est épurée, mais c'est pour mieux faire surgir les images : pas de pathos ici, mais un effet de caméra qui suit le personnage principal dans ses pérégrinations avec beaucoup de finesse et de délicatesse.Mais nous ne finirons pas d'en débattre, c'est tout l'intérêt ...