Comme toute la ville, la Brigade criminelle est partagée entre les deux camps, avec un net avantage pour les « Romanisti ». C'est dans cette atmosphère délétère que la jeune inspectrice Mariella De Luca, qui se moque éperdument du football, enquête sur la disparition d'une fillette de huit ans, Sara, et le meurtre d'un jeune homme, membre d'un réseau pédophile. Contre l'avis de son supérieur, Mariella est persuadée que les deux affaires sont liées.
Le roman démarre très fort avec l'agression de l'inspectrice par un inconnu dont on retrouve le cadavre dès le lendemain, et se poursuit sur le même rythme. Il a pour cadre essentiellement un quartier de Rome inconnu des touristes, le Corviale appelé aussi par dérision le « Serpentone », immense barre de logements sociaux construite dans les années 80 sur le modèle de la Cité Radieuse de Le Corbusier. Les suites de l'enquête emmènent le lecteur dans d'autres quartiers beaucoup plus chics tels le Coppedé ou les Parioli, et sur un site de fouilles du mont Palatin où l'on peut faire de surprenantes découvertes.
Le plaisir que l'on éprouve à la lecture de cette série tient pour beaucoup à la géographie très précise des lieux et à l'ambiance typiquement italienne : Berlusconi vient d'être réélu, on se faufile dans les embouteillages romains et on prend au bar du coin son « tramezzino » et son café.
Les personnages aussi sont bien campés, surtout l'inspectrice De Luca qui se dope au café comme d'autres à l'alcool, fonctionnaire atypique dont les doutes et les blessures intimes se révèlent peu à peu. Un personnage très attachant. On retrouve la suite de ses aventures dans Bleu catacombes, Jaune Caravage, Vengeances romaines et d'autres.
Bref, un polar bien ficelé, même si la fin comme souvent est légèrement décevante, au charme tout italien.
Marimile
Extrait :
C'est une tête de pont entre la ville et la campagne, un fragment de ville d'un kilomètre de long, récitait Gennaro Mammarella, président du comité de quartier de Corviale. Soixante hectares pour huit mille cinq cents habitants, un système volontairement provocateur, qui, dans son intention première, intégrait logements, services résidentiels, écoles, équipements sportifs, sanitaires sociaux, espaces verts, le modèle étant évidemment l'Unité d'habitation de Le Corbusier.
« Volontairement provocateur. » se répéta D'Innocenzo. La vue de sept cent cinquante mille mètres cubes de ciment, de ces cinq blocs reliés pour composer une façade unique, sur une longueur d'un kilomètre, le faisait sombrer dans le spleen de ses jours les plus noirs. Déjà que sa mission n'était pas facile, s'il fallait en plus jouer les bonnes relations avec le quartier.
- Ces dimensions, certes babyloniennes, disait le représentant en titre des habitants de Corviale, en gratifiant les deux policiers de son premier sourire, s'expliquent par les rapports que cet édifice entretient avec la campagne environnante. Seul et grandiose, dressé face aux collines, Corviale se présente comme le dernier bastion de la ville. Ce bâtiment est un appel à la mémoire, une citation savante des aqueducs et de l'enceinte qui cernait la ville historique.
- Putain ! s'exclama Capuano qui venait de faire tomber son portable.
D'Innocenzo gloussa discrètement, avant de retourner dans la rue embrasser du regard le monstre de l'architecture moderne.
Vert Palatino de Gilda Piesanti - Editions Pocket - 281 pages
Commentaires
mardi 18 décembre 2012 à 16h34
Un printemps à Rome .....une façon originale de visiter cette superbe ville et merci à ces auteurs nés hors de France qui écrivent avec un indéniable talent dans notre langue ....
mercredi 19 décembre 2012 à 09h54
Sylvaine ,je ne sais pas si vous avez dèjà lu Gilda Piersanti, mais je suis d'accord avec vous: merci à ces auteurs nés hors de France qui font vivre eux aussi notre langue.
mardi 25 décembre 2012 à 15h29
Un peu plus, comme "extrait?" - C'est nul.
jeudi 27 décembre 2012 à 09h02
@ Pirandus
je me permets de répondre à votre commentaire :il ne s'agit pas ici de proposer des pages entières extraites d'un livre mais en quelques lignes de permettre à un éventuel lecteur de faire connaissance avec le style de l'auteur et le ton du livre chroniqué....
bonne journée à vous
mardi 1 janvier 2013 à 11h08
Excellent bilan plusieurs des livres qui y figurent sont aussi sur ma liste de livres à lire qui ne cesse de s'allonger.
Bonnes lectures encore en 2013 et bonne année à tous !
jeudi 10 janvier 2013 à 08h56
Sylvaine,Pirandus, je réponds un peu tard:Sylvaine, je n'aurais su mieux dire.
vendredi 11 janvier 2013 à 12h30
Rose, merci et bonne année de lectures à toi!