C’est ainsi que Jimmy va devenir le commis de cette librairie soulageant Jack atteint de la maladie d’Eisenhower
. Cet homme pourrait être son père et c’est tout naturellement une tendre relation qui va bientôt unir les deux hommes bientôt rejoints par Miss, la sœur de Jimmy, Mistassini aux yeux bleus, magnifiques, libre de ses mouvements, qui refuse toute attache mais est liée par des sentiments plus que fraternels à son grand-frère. Sans oublier Charabia le chat.
Jack va prendre Jimmy sous son aile, lui ouvrant les portes du monde de la traduction le faisant quitter Québec pour voyager, lui faisant suivre les traces d’Hemingway et revivre son séjour à Paris qu’il nous a si bien raconté dans Paris est une fête.
Jacques Poulin parlant de ce qu’il aime : les livres, les hommes, les animaux, son Québec, Paris, etc. quel régal !
Comme à l’habitude, je suis tombée sous le charme de son écriture, de son regard tendre pour ceux qu’il aime et moins tendre pour ceux qu’il supporte. Au détour des pages, il nous livre ses idées sur la conception d’un roman : il faut d’abord et avant tout trouver la première phrase celle qui retiendra le lecteur et, par la voix de Waterman, il nous donne sa définition d’un bon livre : un bon livre c’est quand on a envie de tourner les pages pour connaître la fin de l’histoire et qu’on se retient de le faire de peur de rater les qualités de l’écriture…
(p53) et la principale qualité d’un écrivain : l’inconscience
.
J’espère vous avoir donné envie de vous plonger dans ce très beau texte, hymne d’amour porté aux hommes, aux livres, à la littérature, aux écrivains et j'espère surtout que vous prendrez du plaisir à découvrir l’univers de Jacques Poulin, auteur qui, certes, nous vient du froid, mais sait réchauffer nos cœurs.
Du même auteur : Tournées d'automne, Volkswagen Blues
Sylvaine
Extrait :
Je n’avais pas mis les pieds dans cette librairie depuis un moment. Tout avait changé. On montait trois marches, comme avant, mais ensuite la première chose que je vis, au milieu de la pièce, ce fut un poêle à bois entouré de chaises et de fauteuils ; il était bas sur pattes avec un ventre arrondi.
J’entendais un murmure, comme si plusieurs personnes conversaient à voix basse, et pourtant la librairie était déserte. Près de l’entrée, à ma droite, se trouvait un comptoir surmonté d’une caisse enregistreuse démodée. Plus loin, il y avait un bureau à tiroirs et une chaise au dossier inclinable. Tout au fond de la pièce, je vis une porte entrouverte : c’était de là peut-être que venait le murmure…
[.../...]
- Je peux poser une question idiote ? demandai-je.
- Bien sûr, fit-il.
- En entrant, j’ai entendu comme un murmure…
- Ah oui ?
- J’ai eu l’impression que cela venait de la pièce du fond. C’était la radio ?
- Pas du tout.
Après avoir vérifié que le poêle était bien allumé, il ferma partiellement la grille de tirage. Il se tourna vers moi et m’examina avec curiosité.
- Tu as vraiment entendu le murmure ?
- Oui
- En plein jour ! D’habitude on l’entend seulement la nuit, et encore il faut faire très attention… Quel âge as-tu ?
- Vingt-cinq ans.
- Ça veut dire que tu as un don !
Les yeux bleus de Mistassini de Jacques Poulin - Editions Babel - 206 pages
Commentaires
vendredi 28 décembre 2012 à 18h41
Je m'étais aussi comme d'habitude laissée prendre au charme de Jacques Poulin et de ce joli récit
lundi 28 janvier 2013 à 07h57
Je ne connaissais pas trop les auteurs québécois, jusqu'à ce que je relise Anne Hébert ('Le premier jardin' après 'Les fous de Bassan' il y a longtemps). Merci de me faire découvrir celui-ci. 'Volkswagen blues' m'intéresse particulièrement.
Bonne journée.