Aymard Hippolyte de Foucauld de Malembert est né en 1824 dans la bonne ville d'Allassac en Corrèze. Il est enfant d'une vieille famille de la noblesse française s'illustrant par nombres de militaires brillants, tous passionnés de chevaux.Partout où l'on se bat il doit y avoir un Foucauld tant qu'il y aura des Foucauld qui auront du cœur et de l'honneur.
Cette famille est apparentée à la branche de Charles de Foucauld, à l'époque pas encore loin s'en faut, l'ermite pieux béatifié en 2005 qu'il sera plus tard.

Après des études à Brives, Aymard continue son parcours à Saint-Cyr (promotion d'Isly) puis à la prestigieuse École de cavalerie de Saumur, puisqu'il monte très bien à cheval – pour ne pas dire qu'il est cheval lui-même. Normal pour un Hippolyte ! Avec le temps et une ambition intelligente, il deviendra Hussard puis Chasseur d'Afrique. Au fil des guerres engagées par Napoléon III sous le Second Empire, il participera à la colonisation de l'Algérie, à la campagne en Italie et notamment les combats à Magenta, Solférino. Il se distinguera vite même s'il trouve qu'on met trop son détachement sur la réserve. Puis il embarquera pour la guerre au Mexique où devenu commandant à la tête d'un détachement du 1er régiment de Chasseurs d'Afrique, il savourera enfin la vraie épreuve du feu. Mais le 5 mai 1863 sous les murs de San Pablo del Monte, il tombera atteint par un coup de lance à la poitrine. Là-bas, la lys (ou la lie, la lance) ne lui a pas porté chance.

Voilà en résumé une destinée peu commune. Mais pourquoi en arrive-t-on à s'attacher à cet homme ? C'est tout le talent d'Emmanuel Dufour qui joue à plein. Cette biographie est le résultat d'une étude approfondie des archives familiales des de Foucauld, mais aussi celles du Ministère des armées, dont les bulletins des campagnes des armées de Napoléon III, sans oublier les témoignages croisés d'autres militaires ayant suivis le même parcours, les mêmes expéditions.
Mais rien de soporifique dans la vie de notre fougueux cavalier ! Je n'ai pas de sol, mais je suis riche de jeunesse, d'avenir et de bonne humeur.

Cette biographie est une claire et intelligente compilation d'informations savamment organisée, judicieusement saupoudrée d'humour, que l'on se prend vite d'intérêt pour cette vie de hussard. C'est en creux un tableau de la société militaire française entre la Monarchie de Juillet et la campagne mexicaine sous Napoléon III. On y comprend mieux la routine, les espoirs et les frustrations des cavaliers, l'impact social, économique des régiments ou des écoles militaires comme Saint-Cyr ou Saumur sur les villes où ces institutions sont installées. Un excellent avant-goût de l'Histoire et les traditions de l'école de cavalerie.

Ce billet est pour moi une frustration car il ne donne qu'une maigre idée de la richesse de cette biographie. Mais comment résumer une vie si effervescente ? Suivez Emmanuel Dufour, vous ne serez pas déçus.

Sur ces grandeurs et servitudes d'une vie militaire au XIXe siècle, le résultat est remarquable. Surtout pas-sion-nant !

Dédale

Extrait :

De « bel ami » à « bel Aymard », ou mots passants par Maupassant

A compter du 2 mai 1853, sans que cela puisse être une consolation, Aymard eut la satisfaction de prendre rang dans le grade de capitaine. Âgé de 29 ans, son déroulement de carrière suivait un rythme normal. A cette époque maître Élie Dufaure évoquait « Aymard de Foucauld, mon excellent ami, capitaine au 6ème régiment de Hussards, âgé seulement de 29 ans, qui continue la noblesse toute militaire de sa famille. C'est un officier d'avenir, brave et sérieusement intelligent ; jeune homme du monde parfaitement distingué, il a toutes les qualités de gentilhomme qu'avait son père, et tout le tact, toute la finesse d'esprit de sa digne et excellente mère ».
Élie Dufaure évoque des qualités de gentilhomme, Duchêne-Maurllaz mentionnera dans le Dictionnaire de biographie française, sans livrer de détails ni citer de sources précises : « Il avait alors la réputation d'un officier mondain et ami du plaisir ». […]
Le « portrait » du Hussard ne serait pas complet sans ces quelques derniers éléments :
« Sabreurs particulièrement audacieux, rompus aux missions d'avant-garde et de reconnaissance, les hussard se sont taillés une réputation de combattants d'une folle témérité et aussi de fieffés coureurs de jupons et ont volé de victoire en victoires durant les guerres de la Révolution et de l'Empire », affirme aujourd'hui… le site internet de la Fédération Nationale des Combattants volontaires.

Aymard de Foucauld
Aymard de Foucauld (1824-1863) de Emmanuel Dufour - Éditions La Louve – 414 pages