Quel dommage, peut-on rester enfermée quand dehors il fait si beau, première journée de vrai grand beau temps ? Le soleil est de la fête, les viennois se retrouvent tous au Prater, l’aristocratie en voiture parade, le menu peuple flâne dans des allées parallèles mais tous sont dehors… Alors Lizzie récupère la robe modeste, misérable, chiffonnée et pleine de poussière
avec laquelle elle s’est enfuie de chez ses parents….
Ainsi vêtue elle s’élance dans les rues, toute excitée, profitant d’une liberté dont elle avait oublié la saveur…..
Cette nouvelle a été publiée à l’automne 1900 alors que Zweig n’avait que 19 ans. Œuvre de jeunesse donc, mais dans laquelle les amateurs de Stefan Zweig retrouveront avec grand plaisir les thèmes qui lui seront chers (l’analyse des cœurs humains et des sentiments) et sa qualité d’écriture. On peut pressentir ici les aptitudes de Zweig qui vont lui permettre de devenir l’un des écrivains majeurs du XXe siècle.
Sylvaine
Du même auteur : Magellan, Le joueur d'échecs, Le voyage dans le passé.
Extrait :
Chagrine, elle allait de long en large. On était si mal dans ce boudoir étroit où s’entassaient, dans la plus grande absence de style et de discernement, toutes sortes d’objets, bric-à-brac de la pire espèce et œuvres d’art exquises. Sans compter ces effluves issues de vingt parfums différents et cette odeur pénétrante de cigarette qui collait à tout. Pour la première fois ce décor lui devint odieux et mêmes les volumes jaunes des romans de Prévost n’exerçaient sur elle aucun attrait, car elle ne cessait de penser au Prater, à son Prater et au Derby de la Freudenau.
Et tout cela simplement parce qu’elle n’avait rien d’élégant à se mettre.
C’était à en pleurer. L’esprit indolent, elle s’enfonça dans le fauteuil et voulut se rendormir pour tuer l’après-midi. Mais elle n’y parvint pas. Ses paupières se relevaient obstinément, avides de lumière.
Printemps au Prater de Stefan Zweig - Éditions Le Livre de Poche - 128 pages
traduit de l'allemand par Hélène Denis-Jeanroy
Commentaires
mardi 26 février 2013 à 10h17
Comme Lizzie on a envie de s'élancer vers la promenade ensoleillée du Prater...je n'ai pas lu cette nouvelle de Stephan Sweig, mais merci Sylvaine de remettre en lumière l'écrivain majeur qu'il est en effet.
mardi 26 février 2013 à 12h41
Le titre de la nouvelle est déjà une invitation au voyage ! 19 ans, fichtre ! Quel talent ce Zweig.
mardi 26 février 2013 à 20h17
et dire que Stephan Zweig a refusé la réédition de cette nouvelle la jugeant indigne de son talent !
mercredi 27 février 2013 à 22h43
Ce n'est pas mon préféré de Zweig mais comme je ne suis plus objective, j'ai bien aimé puisque c'est du Zweig
mercredi 6 mars 2013 à 14h29
ah, Zweig... quel talent! j'ai lu récemment Le monde d'hier, que j'ai trouvé absolument passionnant!