Il y a Jean-François Goussier, dessinateur-graveur, un de ceux à avoir œuvrer à l’Encyclopédie. Pour l’heure, il s’occupe à croquer la campagne, une laitière au sein généreux et savoure l’ambiance simple des cuisines. On y trouve aussi la petite-fille de Corneille, sorte de petite souris grise ainsi que l’abbé de Pors-Even, conseillé de Voltaire pour la construction de son église.
Le Roi Frédéric II, embourbé dans cette guerre de sept ans, a envoyé le Comte de Fleckenstein. Le Comte est un homme parlant français et connaissant tout les buissons des pays où l’on fait la guerre.
Voltaire sert ici d’intermédiaire politique entre le Ministre Choiseul et Frédéric II.
Zanetta et Gabriella, deux italiennes formées à la Comedia dell’arte vont jouer dans son théâtre de verdure, sa pièce : Le Fanatisme ou Mahomet le prophète.
Mahomet, pièce crée le 9 août 1742 et sifflée par le parterre. La tragédie a été mal comprise, certains n’ont vu qu’un côté de la pièce, ce qui est la manière la plus ordinaire de se tromper.
C’est ce que pense Voltaire quelque peu dépité. Alors il la rejoue en ses terres pour mieux faire passer son message. Car pour lui, les arts et notamment les lettres, le théâtre sont de bons outils pour ouvrir les esprits. Contrairement à J.J. Rousseau, voisin triomphant avec sa Nouvelle Héloïse, qui le condamne.
A cette Europe qui se déchire pour la religion, ne vaudrait-il pas mieux s’abandonner aux sages principes de la nature qui inspirent douceur, humanité, paix ?
On se laisse aller à la douceur des lieux, des jardins, des promenades sous les ombrages du parc. Lieux idéaux pour la galanterie, les répétitions de la pièce et les discussions philosophiques ou diplomatiques.
Voltaire, celui que même les Princes consultent voire redoutent, aime recevoir et cabotiner un tantinet. A cet hôte illustre, J.-P. Amette ne prête que des propos véridiques car piochés dans l’importante correspondance de ce grand esprit des Lumières. En une écriture légère et sans adjectifs, l’auteur nous fait vivre cet été comme si nous y étions.
Il est vrai que suivre Voltaire en son quotidien, plein d’élégance et d’esprit, c’est assez tentant. Le défi de cet été à Ferney est pour moi assez réussi.
Dédale
Extrait :
Sous les grands tilleuls, Voltaire suivait les travaux des charpentiers en train de clouer les portants du théâtre de verdure. Il fit asseoir les deux comédiennes sur un banc.
Pourquoi reprendre Mahomet ? Non pas vanité, ni pour oublier que quelques personnes du parterre ont sifflé la pièce le 9 août 1742. Mais parce que la tragédie a été mal comprise, certains n'ont vu qu'un côté de la pièce, ce qui est la manière la plus ordinaire de se tromper. Regardez autour de vous : à quelques kilomètres d'ici, à Genève, ce Rousseau écume de rage contre nous, il est prêt à brûler les comédiens, les auteurs, les comédies, le public. L'Europe se déchire, partout le premier dogme est celui de la haine… ! Quel dogme théologique n'a pas fait répandre le sang ? Lorsque le roi de Prusse entra pour la première fois dans la Silésie, une bourgade protestante, jalouse d'un village catholique, vint demander humblement au roi la permission de tout tuer dans ce village. Le roi répondit aux députés : « Si ce village venait me demander la permission de vous égorger, trouveriez-vous bon que je la lui accordasse ? - Ô gracieuse Majesté ! Répliquèrent les députés, cela est bien différent, nous sommes la véritable Église ! » Ils crient tous ça ! Depuis la Saint-Barthélemy ! Un jour pas de tabac, un autre jours pas de comédiennes, pas de carpes farcies, pas de vin. Ils se querellent et cette chaîne de superstitions s'étend de siècle en siècle jusqu'au pied de notre lit et cela sent le brûlé dans les rues des villes.
Un été chez Voltaire de Jacques-Pierre Amette - Éditions Albin Michel – 171 pages
Commentaires
mercredi 27 février 2013 à 09h36
Je trouve qu'on se promène beaucoup dans le temps et l'espace cette semaine! printemps au Prater, été chez Voltaire,cela fait du bien en ce moment de repli sur soi.
mercredi 27 février 2013 à 15h37
Je n'ai pas vraiment apprécié ce roman. En fait, je me suis un peu ennuyée.
mercredi 27 février 2013 à 20h49
Marimile, oui, il parait que les voyages forment l'esprit. La littérature aussi, je trouve
Lili Galipette, ça peut arriver parfois. Mais je ne doute pas que cela a certainement été compensé par d'autres lectures plus enthousiasmantes pour toi