Blast, c'est l'histoire de Polza. Polza est un homme obèse, questionné par deux policiers au sujet d'un meurtre dont il est accusé, celui de Carole Oudinot. Ces trois tomes retracent l'histoire de cet homme, dont la vie a basculé le jour de la mort de son père et qui pour l'instant se termine dans ce commissariat où il est interrogé.

Je vais éviter d'en dire trop, pour garder un maximum de suspens au lecteur qui entame la série, car un des grands points forts de cette série est d'emmener le lecteur dans une histoire assez folle, qui mêle scènes dans le commissariat et souvenirs de Polza qui tente de raconter comment il en est arrivé là.

Outre la mort de son père, le point de départ de la marginalité de Polza, c'est sa rencontre avec le blast. Le blast, c'est ce moment, après avoir ingéré des médicaments, du chocolat et de l'alcool, où tout explose dans sa tête, où sa vie noire et grise se colore et où il arrive à oublier sa vie miséreuse et sa quête quotidienne de nourriture et d'un abri. Après cette première expérience où il fait la rencontre des géants de l'Ile de Pâques, Polza ne cherche qu'une chose : retrouver le blast, reproduire cette déflagration qui l'a laissé sans résistance, sans voix et qui a été une expérience extraordinaire.

Outre ce personnage central charismatique, tantôt pitoyable, tantôt effrayant, Blast offre une galerie de personnages atypiques. Dans le tome 2, Polza se lie d'amitié avec Jacky, un dealer qui fournit toute la région, en particulier les plus jeunes. Lorsqu'il dort dans les bois, Polza fait également des rencontres plus ou moins agréables, se prenant d'amitié pour une communauté qui se nomme elle-même "République mange misère" ou partageant un repas avec deux types qui ont tenté de le voler.

Blast n'est pas une œuvre agréable. Le dessin, parfois torturé, toujours très noir et sombre (hormis pour les scènes de blast, très colorées) accentue cette impression d'obscurité, de marginalité dont il est difficile de sortir. Certaines scènes sont crues, assez difficiles à regarder très longtemps, mais c'est une des forces de Larcenet de montrer de façon très nette la violence des situations (il y arrivait déjà très bien dans Le combat ordinaire).

Je ne peux que vous inviter à vous plonger au plus vite dans cette série vraiment passionnante. Le destin de Polza, dévoilé bribes par bribes, est au cœur de l'ouvrage et retient l'attention du lecteur, souvent dérangé, parfois touché par cette lecture édifiante. Et j'attends impatiemment, et avec une certaine appréhension, la parution du dernier volume de la série, avec l'envie folle de connaître le fin mot de cette histoire, et la peur de regretter la fin de cette aventure.

Yohan

Extrait :

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Blast - Grande carcasse (T.1) - L'apocalypse selon Saint Jacky (T.2) - La tête la première (T.3) de Manu Larcenet - Éditions Dargaud - 208, 208 et 204 pages