Avec ses parents, il a grandi à Provins, à l'est de Paris. Une ville à la campagne, presque rurale, dominée par les vestiges médiévaux. Très vite, il sent qu'il n'est pas totalement à sa place dans cet univers  : ses parents sont communistes dans une ville marquée à droite ; il est isolé parmi ses camarades de classe, ne trouvant d'appui qu'auprès de quelques uns. Dominique est un enfant qui a peur. Dans le texte, c'est un terme qui revient souvent. Sa peur la plus grande, c'est peut-être celle qu'il a eu un jour lorsque son grand-père, alcoolique, est entré dans sa chambre. Dominique en est heureusement sorti à temps.

C'est par le chant et la musique qu'il vainc cette peur. En classe, lorsque l'instituteur lui demande de chanter, il se libère. Avec quelques amis, il monte un petit groupe, joue ses premiers morceaux. Mais Provins l'ennuie, le terrifie même. Alors, quand à 15 ans, il part à Nantes avec ses parents, c'est la joie.

Mais Provins ne le quitte jamais vraiment. L'ouvrage retrace cette histoire d'attirance et de répulsion entre le chanteur et cette ville qu'il a utilisée dans ses chansons. Régulièrement, il revient dans cette ville, avec le train de Paris, pour en reprendre le pouls et revenir sur son passé. Cette relation difficile atteint son summum lorsqu'il vient jouer son premier concert sur place et y chante Rue des marais, inspirée par la rue qu'il arpentait enfant.

Y revenir n'est pas un ouvrage sur un musicien qui se regarde le nombril, mais le récit touchant d'un homme qui affronte une relation étrange. Cette histoire avec Provins, ses rues mornes et grises, son charme rural, c'est presque une histoire d'amour impossible : on sait que cela ne donnera rien, mais on ne peut s'empêcher d'y penser. Et d'y revenir.

Yohan

Extrait :

La nuit n'a pas le monopole de la peur. Celle-ci est partout, et pas uniquement au bras du surnaturel. Elle est aussi le lot du quotidien, de la fréquentation des autres. Elle est le corollaire des jours à l'école, aux côtés d'autres enfants qui ont des bouches pour se moquer, des mains pour frapper. J'anticipe le mal qu'on peut me faire, et crains que l'odeur de ma peur n'agisse comme un excitant.

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Y revenir de Dominique Ané - Éditions Stock - 94 pages