Toute bonne psychanalyse démarre dit-on par son rapport à la mère et Yrvin Yalom ne déroge pas à la règle puisqu'il raconte dans le premier chapitre les relations ambiguës qu'il avait avec sa propre mère, relations qui ne se sont pas interrompues à la mort de celle-ci. Cette introduction donne un éclairage bien particulier au reste de l'ouvrage, en mettant en résonance les propres difficultés du psychanalyste et celles de ses patientes.
Dans le second récit, Le voyage de Paula, Yrvin Yalom revient sur sa collaboration avec une patiente. Atteinte d'un cancer, Paula est venue le consulter pour mieux se préparer à sa fin. Rapidement, la sagesse et la sérénité de Paula dépassent toute ce que le thérapeute avait pu imaginé et ils décident de monter ensemble des groupes de paroles destinés aux malades en fin de vie. Mais le thérapeute va oublier tout aussi vite qui était à l'origine de cette initiative et va trahir sa patiente. En dehors du fait que le positionnement victimaire du psychanalyste est insupportable, c'est l'un des textes qui m'a le moins convaincue. Ce témoignage, sans doute très pertinent pour toute personne s'intéressant de près à la psychanalyse, manque me semble-t-il de réelle puissance narrative.
Je ferai d'ailleurs le même constat pour Les sept leçons supérieures du deuil qui raconte la psychanalyse sur plusieurs années d'une femme confrontée à la mort de son mari. Ce texte, le plus long du recueil, revient avec détails sur les différentes étapes du deuil et sur le cas particulier d'Irène. Yrvin Yalom, un adepte du « ici et maintenant », explique avec force de détails les différentes pistes qu'il a explorées pour aider sa patiente à reprendre goût à la vie.
Si Réconfort du Sud démarre sous les mêmes auspices, le ton change rapidement et l'on se retrouve plongé dans une séance de thérapie de groupe tout à fait passionnante. Passionnante parce que les interactions entre les patients sont assez inattendues mais aussi parce que le personnage central, Magnolia est aussi fascinant qu'attachant.
Dans l'avant dernier récit, Double exposition, Yrvin Yalom déploie humour et ironie pour une version psychanalytique de l'arroseur arrosé. Voilà donc que notre thérapeute s'ennuie depuis quelques semaines auprès d'une patiente aussi désagréable qu'inefficace dans son processus. Mais voilà qu'une simple petite remarque déplacée vont provoquer des changements soudain chez la patiente et la faire avancer comme jamais. C'est du moins ce qu'il croit... Car la réalité est bien plus drôle.
Quant au dernier récit, qui a donné son nom à l'ouvrage, on quitte cette fois la réalité prosaïque pour une envolée dans les contes et légendes d'Europe de l'est. Pourtant tout démarrait comme une banale psychanalyse – à condition bien sûr qu'une psychanalyse puisse être banale. Un homme consulte le Dr Lash à la suite d'un affreux cauchemar. De fil en aiguille, le psychanalyste comprend que cette vision nocturne a été provoqué par une femme et contre tout principe déontologique il décide de rencontrer cette femme. Un dernier récit onirique et plein d'humour qui m'a consolée du caractère inégal du recueil.
Car il y a eu pour ma part une erreur d'aiguillage. En effet, le titre et l'illustration de la couverture m'avaient laissée supposer un recueil à l'image des deux derniers récits, et j'ai donc été déçue que cette part d'imaginaire et d'humour n'arrive que tardivement dans le recueil.
Laurence
Extrait :
« Restez ici dans la pièce avec moi, Myrna. Qu'est-ce que ça vous fait d'être là, aujourd'hui ?
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- La même chose que d'habitude. Essayer de parler de ce qui se passe ici, entre nous.
- C'est frustrant ! Encore cent cinquante dollars d'envolés et je ne me sens pas mieux.
- J'ai donc à nouveau échoué aujourd'hui. Je vous ai pris votre argent sans vous aider. Dites-moi un peu, Myrna ; voyons si, en revenant sur cette heure que nous venons de passer, vous pourriez répondre à cette question : Qu'aurai-je pu faire aujourd'hui ?
- Comment le saurai-je ? C'est pour ça qu'on vous paye, non ? Et de jolie sommes !
- Je sais que vous ne le savez pas, Myrna, mais je veux que vous plongiez dans votre imagination. En quoi aurais-je pu vous aider aujourd'hui ?
- Vous auriez pu me présenter à un de vos patients riche et célibataire.
- Est-ce qu'il y a marqué « Agence matrimoniale » sur mon T-shirt ? »
La malédiction du chat hongrois de Yrvin Yalom - Éditions Le livre de poche - 354 pages
Commentaires
mercredi 10 avril 2013 à 13h42
Je suis une inconditionnelle De Irvin Yalom mais j'admets que celui-là est inégal
Mais quel merveilleux talent de conteur !
jeudi 11 avril 2013 à 09h00
Avec votre accord ? j'ai relayé en anglais votre article sur : http://fr.calameo.com/books/0013433...
cordial
ft
jeudi 11 avril 2013 à 09h22
Bonjour Frans,
si vous souhaitiez notre accord, il eut été plus élégant d'attendre notre réponse avant de faire cette mise en ligne. D'autant que vous ne citez pas la source ni ne donnez de lien pour atteindre l'article original et que vous avez également copié/collé dans son intégralité l'article en français...