Le jeune Tom grandit dans un milieu très protégé. Ce sont d'abord les femmes qui l'entourent et essaient de lui apporter la tendresse qu'il attend. Puis l'entrée au séminaire, surnommé la Boîte, ne devrait être que la suite de ce trajet, coincé entre l'amour familial et le respect de l'institution religieuse. Mais tout cela est remis en cause par la rencontre d'un jeune garçon, Z., qui sera la source d'éveil du désir chez Tom.

Tom et Z. se sont rencontrés à l'âge de dix ans. Ils sont camarades de classe. Tom est subjugué par la beauté physique du jeune garçon, qui fait partie de l'association de gymnastique Joie et Santé. Que ce soit dans les vestiaires de la salle de sport ou lors des différents exercices (espalier, cheval d'arçon), Tom ne peut s'empêcher d'admirer et de désirer son jeune ami. Tout cela a démarré lors d'un séjour en colonie, organisé par les Mutualités chrétiennes. Un symbole pour Tom qui va toujours prendre des chemins détournés.

Ce désir pour Z., loin d'être passager, est une constante. Lors de ses nombreuses séances de masturbation, décrites ici avec beaucoup d'humour et de tendresse, il ne peut que penser à Z. Il fait même tout pour passer le plus de temps possible avec lui, le sommet étant atteint lors d'un voyage en Grèce que Tom a presque organisé lui-même.

Ce livre est un très bel ouvrage sur l'apparition du désir, la confrontation avec les conventions (familiales, religieuses) et la lutte nécessaire lorsqu'on ne parvient pas à l'assouvir. C'est également une très belle galerie de personnages. Que ce soient les membres féminins de la famille ou les professeurs du séminaire, tous ont droit à des portraits à la fois drôles et touchants. Tom Lanoye fait preuve de beaucoup de maîtrise dans ce texte, au point que ses multiples interpellations au lecteur paraissent naturelles et rythment efficacement le récit. Une belle découverte !

 Yohan

Extrait :

Au cours de notre séjour à A***, nous nous sommes rapprochés. Oh, on n'était pas des inséparables, avec tout ce que cela suppose d'idolâtrie à cet âge. Il était simplement l'un de mes nouveaux amis. D'ailleurs, il se tenait en général avec des gars de son école, qu'il connaissait mieux. Mais il y avait une espèce de petit cérémonial du soir entre nous. Nous causions un peu en nous déshabillant pour aller au lit. Et moi j'avais toujours les yeux rivés sur son pyjama. Il l'avait remarqué. Et en attendant que les lumières s'éteignent, il restait assis, au bord du lit, il répondait à mes regards par une espèce de rictus. Une préfiguration du sourire qui allait, plus tard, quelques années plus tard, me rendre complètement fou. Une sorte de sourire de compréhension : il daignait me laisser regarder le plus longtemps possible quelque chose que je désirais terriblement... son pyjama ! Mais c'était aussi de la coquetterie : il possédait quelque chose qui était si visiblement convoité !


boites_en_carton.jpg
Les boîtes en carton
de Tom Lanoye - Éditions La Différence - 192 pages
Traduit du néerlandais (Belgique) par Alain van Crugten