Il faut dire que dans sa vie actuelle, rien ne l'intéresse vraiment. Hong-Kong est un espace de respiration pour lui. Il s'installe à Repulse Bay, qui a l'intérêt de permettre d'aller rapidement à la plage, entourée des hauts immeubles aux formes variables qui font la renommée de la ville. C'est un quartier chic, où il vit dans un appartement avec vue sur la ligne d'horizon. Il a pour voisine une actrice célèbre, Beverly C., qui ne sera pas pour rien dans son trouble intime.

Il entame une relation avec la jeune femme, bien avant de savoir qu'elle est célèbre. C'est quand il voit des personnes se retourner sur elle qu'il devine sa renommée. C'est une femme assez froide, distante, et les rôles qu'elle incarne au cinéma sont le reflet de ce qu'elle est dans la vie. Même si un duo musical, qui ne plaît pas vraiment à son nouvel amant, vient pimenter sa carrière.

Le narrateur, spécialiste des questions liées au changement climatique et conseiller d'entreprises, a du mal à se situer dans cette relation. Il craint Karl Carter, l'agent et mari de Beverly, et ne sait pas trop comment se comporter avec leur fils. Alors il fuit, peu à peu : auprès de Mr Ze, un chinois rencontré sur la plage qui acceptera de l'héberger ; auprès de connaissances françaises de passage à Hong-Kong, qui l'emmènent se divertir auprès de chics prostituées mais où il ne trouve que peu de réconfort ; dans un bateau, prêté par un ami.

Il faut dire qu'il fuit un échec et son arrivée à Hong-Kong n'est étrangère à cet épisode dont on ne saura que peu de choses. L'ouvrage est en effet assez elliptique, esquissant rapidement des situations sans appuyer dessus, en dessinant de façon assez légère des personnages et leur histoire. Jamais de grandes descriptions, juste des touches pour décrire un environnement peu sûr (une tempête, très beau passage du roman ; des voisins parfois inquiétants). Si j'ai plutôt apprécié ce roman, le caractère impressionniste de l'écriture m'a laissé un peu sur ma faim. Il m'a manqué de la chair, du concret pour plonger complètement dans ce roman. Je reconnais toutefois à Olivier Lebé, qui signe là son premier roman, une capacité à dépeindre, en quelques mots, les situations, mais ce n'est visiblement pas ce que j'avais le plus envie de lire en ce moment.

Yohan

Extrait

Travailler, gagner de l'argent, fonder une famille, voir grandir ses enfants, ses petits-enfants. Travailler dur, sans rémission. Telle serait la règle ici. Pourtant, Hong Kong offre des refuges à la lisière de l'existence. Repulse Bay est un de ces promontoires d'où l'on peut voir, confortablement installé, la ville et le monde tourner. Je m'y donne l'illusion d'être quelque part, alors que je suis à côté. Je m'attache à des angoisses de nanti, comme : le panorama est-il une jouissance suffisante ?

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Repulse Bay d'Olivier Lebé - Éditions La grande ourse  - 172 pages