L'essentiel de l'action se passe à Carrare, dans les carrières. Michelangelo est aidé par Topolino, qui sait repérer comme personne les meilleurs blocs, les plus purs qui n'éclateront pas au premier coup de ciseaux à cause d'une veine cachée. L'essentiel de son activité consiste à négocier les tarifs : ceux des marbres, des transports,..
Ce séjour loin de Rome était également une nécessité pour lui. Il avait besoin de s'éloigner pour accepter la mort d'Andrea, un jeune moine avec qui il vivait dans un monastère. Avant de partir, il a dû disséquer son corps et est parti précipitamment sans connaître les raisons de son décès. Son envie de savoir ne le quitte d'ailleurs pas, et il envoie plusieurs lettres à Guido, le responsable du monastère, pour éclaircir ce mystère.
A Carrare, il est logé chez des amis connus. Il y retrouve Cavalino, le jeune homme qui se prend pour un cheval et qui compare tous ces congénères à des animaux. Il fait également la connaissance de Michele, un jeune garçon qui vient de perdre sa mère en couches. Les relations entre l'enfant et l'artiste sont complexes, entre rejet et amitié. Il faut dire que le portrait fait de Michelangelo n'est pas des plus positifs : il est relativement asocial, au point de renvoyer son second et l'émissaire du Pape qu'il accuse de le soupçonner ; il reste souvent seul, à dessiner dans un carnet ou à lire la Bible.
Léonor de Récondo choisit de faire un portrait de l'artiste à un moment précis de sa vie : il est célèbre suite à la livraison de la Pieta et doit faire face à l'énorme commande du Pape, qu'il voit comme son chef d’œuvre. La narration est donc centré sur sa visite à Carrare, même si quelques retours historiques plongent le lecteur dans la Florence des Médicis.
L'écriture de Léonor de Récondo est très subtile, sans fioritures. Les actions s'enchaînent rapidement, même si le temps de l'action est finalement assez limité. C'est une plongée dans l'intimité de l'artiste, dans ses doutes et ses réflexions, qui mérite d'être découverte.
Autre ouvrage de l'auteur : Rêves oubliés
Yohan
Extrait :
Il n'aime pas avoir de disciples et, s'il a lui-même étudié dans des ateliers où une multitude d'apprentis se pressait, il n'a jamais eu envie d'être suivi, épié. Il considère d'ailleurs que ses passages chez Ghirlandaio et Bertoldo, dans sa jeunesse, n'ont fait qu'affirmer son habileté. L'essentiel, il le portait déjà en lui, et cet essentiel ne s'apprend pas. Marco a peu de talent. Pendant plusieurs mois, à Rome, il a cherché à rencontrer le maître. Un jour, le sculpteur a finalement accepté de le voir, il lui a même dit, dans un élan de générosité qu'il regrette à présent, qu'il pourrait le rejoindre à Carrare, puis il a oublié. C'était sans compter sur la mémoire de Marco.
Pietra viva de Léonor de Récondo - Éditions Sabine Wespieser - 224 pages
Commentaires
samedi 8 février 2014 à 19h59
Une excellente lecture et une belle découverte de cette auteure que je ne connaissais pas. J'ai beaucoup aimé le personnage de Cavanilo et le petit Michele, eux qui viennent adoucir le cœur de l'artiste.
mardi 11 février 2014 à 17h30
J'ai eu l'occasion d'assister à une rencontre avec l'auteur, et elle parle très bien de son roman, de son travail d'écrivain. Après, si je reconnais la qualité du texte, mon intérêt pour l'ouvrage s'est peu à peu atténué lors de ma lecture. il n'empêche que c'est une auteur à suivre !