Mario França travaille simultanément sur deux affaires : le meurtre d'une vieille lady grande propriétaire et négociante en vins de porto, et celui d'une vieille connaissance, son mentor dans les maquis révolutionnaires qui luttaient contre la dictature de Salazar. La deuxième affaire lui tient visiblement beaucoup plus à cœur, mais de façon inexplicable, il « sent » qu'elles pourraient être liées. Son enquête le conduit à la fois dans le milieu feutré de la grande bourgeoisie anglaise du porto, et dans les bas-fonds de la ville elle-même. Il renoue aussi avec d'anciens compagnons de lutte et un passé dont il garde une tenace nostalgie. Naturellement son flair exceptionnel lui permettra de résoudre avec brio sa double enquête, avec un dénouement théâtral et solennel à la manière d'Agatha Christie, pour la première, et un autre, beaucoup plus discret en ce qui concerne le meurtre de son ancien chef.

Si l'intrigue au demeurant assez bien ficelée ne m'a pas beaucoup accrochée, j'ai été intéressée par l'histoire des luttes révolutionnaires contre Salazar, et leur déclin avec la Révolution des œillets. Un pan de l'histoire du Portugal apparaît ici, et c'est à mon avis le principal mérite du livre. Cependant, si l'occasion se présente, je suivrai avec curiosité d'autres aventures de Mario França.

Marimile

Extrait :

Assis à mon bureau, appuyé sur le dossier de mon fauteuil, j'ai le fleuve Douro sous les yeux. Mes idées s'écoulent au même rythme que ses eaux calmes et mon regard les suit sans les voir. Il y a quelque chose de magique dans ce fleuve qui me fascine : sa force tranquille et silencieuse, les toits de la vieille ville qui se succèdent sur ses berges en pente comme une cascade de tuiles, l'odeur de marée mêlée d'égout qui monte de l'estuaire. Mais si le fleuve m'inspire souvent, il ne m'inspirait rien du tout ce soir-là et je sentais mes pensées flotter sans progresser, comme une mouette qui plane contre le vent.

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L'étrange affaire du cadavre souriant de Miguel Miranda - Éditions de l'aube - 213 pages
Traduit du portugais par Vincent Gorse