Billy est fils de fermier et comme tous les adolescents il passe un bon paquet de temps à arpenter la nature autour de Stanford. Il aime particulièrement pêcher et nager dans le Mississippi.
Jim, lui, revient à Stanford longtemps après que la Guerre du Vietnam a été déclarée finie.
Que s’est-il passé entre février 1969, date officielle de la démobilisation certifiée de Jim, et ce printemps 1981, où la ferme familiale – dans laquelle les parents ont fini par mourir de chagrin, faute de voir revenir leur fils unique – semble à nouveau occupée ?
C’est au fil de leurs rencontres, qui se muent peu à peu en amitié, que Bill va découvrir le trajet qu’a effectué Jim depuis son retour sur le sol américain, et la promesse qu’il s’est faite avant de partir du Vietnam.
Pendant ce temps Billy a des ennuis à la maison, surtout depuis l’arrivée d’un certain Oncle Homer, qui semble ne pas avoir les mêmes codes d’honneur que les fermiers de Stanford. Et en plus une tornade menace les fermes alentour, accompagnant la tension ambiante qui règne depuis que Jim est de retour dans le village.
Et puis il y a le Mississippi. Et la façon très particulière qu’a Lionel Salaün d’en parler :
Le monde dans lequel je reprenais pied après quinze jours de repos forcé ne m’avait jamais paru aussi beau. Un monde aquatique, gorgé de lourdes exhalaisons de terre détrempée et de bois mouillé, au sol gras où chaque pas marque et s’accompagne d’un bruit de succion, un monde vert, luisant, hanté par la musique monocorde de la pluie ruisselant au goutte à goutte de milliers de feuilles sur autant d’autres feuilles, un monde pris entre deux eaux, celle du ciel, continue, et celle du fleuve, gonflé à bloc, terrifiant flot brun déferlant sans bruit, chargé d’arbres morts et de corps incertains.
Une histoire rondement menée, très bien ficelée et qui donne à voir des paysages qui semblent façonner le caractère de leurs habitants.
Un premier roman très réussi, à mettre entre toutes les mains.
Alice-Ange
Extrait :
Jimmy, en secouant la tête de dépit, s’était épongé le front et le cou du plat de la main. Bien qu’une bonne heure se soit écoulée depuis qu’il avait entamé son récit, la touffeur, dans la grange, restait la même. Maintenant, il reprenait son souffle, relâchait un peu la tension accumulée au fil de sa narration.
Jimmy avait vécu des événements dont personne n’avait la moindre idée, traversé un océan de feu où beaucoup s’étaient abîmés, côtoyé des destins liés à celui de la Nation, forgé ses convictions sur l’enclume de la guerre, de la détresse et de la fraternité. En me livrant ses souvenirs, Jimmy ne savait pas qu’il ouvrait dans mon esprit une voie que je n’aurais de cesse d’embellir, de prolonger indéfiniment, qui deviendrait ma vie. Oui, je prenais là mes premiers cours d’Histoire et de tous ceux que j’ai depuis reçus et donnés, ceux-là furent les plus magistraux.
Le retour de Jim Lamar de Lionel Salaün - Éditions Liana Levi - 233 pages
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