Le sous-titre est lui aussi explicite : Tragédie enfantine. Comme le laisse penser le premier terme, tous les protagonistes ne vont pas sortir indemne de cette initiation parfois trop rapide. Il faut bien avouer qu'ils sont isolés, ces enfants. Les adultes refusent de leur raconter les rudiments de la sexualité, et Moritz se demande même comment naissent les enfants. Le silence des adulte face au tabou sexuel est une des causes premières du caractère tragique de la pièce.
Pièce admirée par Brecht et Freud, elle marque une rupture profonde dans la représentation de la sexualité. En faisant éclater les tabous, en montrant sur scènes les ravages intimes du carcan moral et puritain, Frank Wedekind inaugure une voie tout à fait novatrice. Il n'est d'ailleurs pas anodin de que Freud rende hommage à l'aspect précurseur de Wedekind, qui a osé représenter les taboius bien avant l'apparition de la psychanalyse, et dont les propos sont reproduits à la fin de l'ouvrage. En cette période de changement de saison, il est tout à fait judicieux de replonger dans cette oeuvre majeur du théâtre et de la société contemporaine.
Yohan
Extrait :
MORITZ : Je ne peux pas. Je ne peux pas parler tranquillement de la reproduction ! Si tu veux me faire plaisir, donne-moi tes explications par écrit. Rédige, pour moi, ce que tu sais. Que ce soit court, clair, le plus possible, et pendant l'heure de gymnastique, demain, glisse-le entre deux livres. Je l'emporterai chez moi sans savoir que je l'ai. Je le découvrirai, un jour, sans m'y attendre. Forcément, sans le vouloir, je le parcourrai, d'un oeil las... et si tu ne peux vraiment pas faire autrement, tu peux aussi y joindre quelques dessins.
MELCHIOR : Tu es comme une fille. tant pis, c'est comme tu veux ! Et puis pour moi, c'est le genre de travail qui m'intéresse absolument.
L'éveil du printemps - Tragédie enfantine de Frank Wedekind - Éditions Gallimard - 107 pages
Traduit de l'allemand par François Regnault
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