Les animaux se sont constitués une société pacifique. Le côté instinctif est muselé par une batterie de règles, lois et obligations. Il est donc impossible pour un membre de cette communauté d'en manger un autre.
Mais une société parfaite n'existe pas. Et celle-ci ne fait pas exception.
En commençant une enquête sur ce qui semble n'être qu'une banale affaire de contrebande, Sherlock Fox met la patte dans un engrenage qui va l'amener à crever l'illusion de cette société parfaite pour en arpenter les bas-fonds.
Et il s'en serait bien passé...
Morvan est un scénariste bien connu en France, réputé pour sa maîtrise des contes et légendes d'Orient, spécialiste du Japon. Il est le scénariste de plusieurs séries très appréciées, parmi lesquels on peut citer Sillage, ou Spirou et Fantasio (série qu'il a repris avec Munuera).
Du Yu est un jeune dessinateur chinois inconnu en France. Lauréat de plusieurs prix associés à la BD ou à l'illustration, Sherlock Fox est son premier album en Europe.
L'association de ces deux talents offre au lecteur un album stylé, au scénario prenant et au dessin fouillé.
Dans une société où les animaux sont comme des hommes, le crime de zoophagie est comme le cannibalisme. Un tabou sans précédent.
A travers l'intrigue policière, Morvan brosse un tableau de notre société pour le moins désabusé. Conscient que les meilleures places ne sont que rarement obtenues en toute transparence, que le haut de l'échelle sociale est souvent bien pire que le bas, il amène le lecteur à jeter un regard différent sur le monde contemporain.
Il m'a semblé que le dessin recelait de nombreux clin d’œil à d'autres œuvres. Fausse idée ou réalité, toujours est-il qu'il est impossible de voir Sherlock Fox sans penser une seule fois au Sherlock Holmes de Hayao Miyazaki, la série animée des années 80, dans laquelle déjà Holmes était un renard, dans un monde entièrement animalier. C'est d'ailleurs une référence qui saute presque aux yeux à la page 50 de l'album.
J'ai de plus cru voir passer le crocodile de Peter Pan (Disney)...
Ce premier volume présente le personnage du commissaire Ney Quitsou, alias Sherlock Fox. Il familiarise le lecteur avec cette société "animaine", ses règles, et la manière dont elles sont appliquées ou contournées. L'entrée en matière à la manière d'un Remington Steele ou d'un Hercule Poirot, le récit à la première personne, l'utilisation des couleurs, le traitement original des angles de vue, tout contribue à faire de cet album une réussite.
Un début prometteur pour une nouvelle série et un second album attendu pour voir si la promesse est tenue.
Extrait :
Le chasseur (Sherlock Fox - Tome 1) de Du Yu & Jean-David Morvan - Éditions Glénat - 64 pages
Commentaires
vendredi 18 avril 2014 à 08h31
Cher Cœur de chène, merci pour votre article très fouillé et super gentil. Juste un petit truc : le Sherlock de Miyazaki est en fait un chien (Sherlock Hound), et pas un renard contrairement à la bétise que relate le wikipedia français qui en parle. Ça ne change rien au fait que j'adore aussi cette série. Merci !!! JD
vendredi 18 avril 2014 à 12h38
Bonjour JDMorvan,
Merci beaucoup de votre passage ici et de votre commentaire. Cette lecture a été un vrai plaisir pour moi et j'attends la suite avec impatience.
Quant au Sherlock Holmes de Miyazaki, j'ai toujours cru que c'était un renard. Je me suis basé sur mes souvenirs de la série et du coup je suis embarrassé de cette erreur grossière. Tant pis, le commentaire servira erratum.
Merci en tout cas d'avoir relevé l'erreur.
A très bientôt dans ces pages, pour la chronique du tome 2 ?
CdC