Avec son vélo, qu'il nomme Térésa et sur lequel il accroche cinq grosses sacoches, Julien Leblay a fait un tour du monde par étapes. Après des premières visites de son coin d'Auvergne, il s'est promené en ex-Yougoslavie, est allé jusqu'en Nouvelle-Zélande avec sa compagne et a descendu la cordillère des Andes. Pour tous ces voyages, il choisit de prendre le temps. Car, outre l'effort physique parfois gratifiant, parfois désespérant, ce qui l'enthousiasme le plus, ce sont les rencontres avec les autochtones.

Il raconte dans ce court essai le plaisir d'être reçu dans des maisons où tout est fait pour qu'il se sente à l'aise. Les conditions sont parfois spartiates, mais l'accueil souvent chaleureux, comme en Serbie, pays dont il avait pourtant entendu des échos très défavorables. Tout n'est pas toujours rose, comme de la traversée d'un village d'Albanie où il a vite senti ne pas être le bienvenu et a eu peur pour sa vie.

Julien Leblay fait ici un éloge de ce qu'il appelle le cyclo-nomade. Le déplacement à vélo fait qu'il est plus facile de nouer contact : on se déplace plus lentement qu'en voiture, et on n'est pas protégé par un habitacle. L'idée est de prendre plaisir au quotidien, d'être frugal car il est bien difficile de tout emmener sur son vélo. L'ouvrage est très agréable à lire, permet de voyager, entre les montagnes d'Iran et le désert de l'Atacama au Chili.

L'auteur évoque aussi ce qui l'a poussé à faire ces voyages : un accident de tracteur à 16 ans qui a fortement diminué ses capacités respiratoires. Ayant bénéficié de la transfusion de 20 poches de sang, il a souhaité renvoyer l'appareil. Ne pouvant plus donner son sang (les transfusés sont interdits de dons en France), il a pris son vélo pour faire la promotion du don du sang après avoir créer une association, Les voyageurs du coeur. Le tao du vélo est petit ouvrage sensible, parfois drôle, qui permet de découvrir une personnalité attachante et engagée.

  Yohan

Extrait :

La pluie est un autre ennemi dont on se passerait avec plaisir mais qui alimente lui aussi les récits. Il est vrai qu'elle peut faire souffrir et assombrir une journée. Cependant, la perception que l'on a de la météo est différente en voyage. On doit s'adapter, composer avec les conditions météorologiques offertes par le ciel. Devenu sédentaire, le cyclotouriste qui regarde la pluie tomber derrière sa fenêtre ne souhaite pas s'y jeter à corps perdu. Il préfère rester assis dans son fauteuil avec un café à la main et profiter de la chaleur de son habitation en attendant des jours meilleurs pour se dégourdir les jambes. Mais une fois qu'il est lancé, la pluie ne représente plus à ses yeux qu'un élément parmi d'autres, pas suffisamment contraignant pour le priver de sa liberté et l'enfermer dans sa tente.


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Le tao du vélo - Petites méditations cyclopédiques
de Julien Leblay - Éditions Transboréal - 96 pages