Le roman met en scène deux policiers. Lagarto, le plus âgé, est plein d'expérience et connait très bien le quartier. il a néanmoins une petite réputation, celle de rapidement faire le coup de poing dans le café du quartier. Il a pour mission de veiller sur son collègue, Roman, fougueux, qui n'a pas peur de s'attaquer à plus fort que lui. L'intrigue policière est celle d'une vengeance. Olivia, la fille d'une amie de Roman, meurt après avoir subi un avortement clandestin. Sa mère se suicide de chagrin. Roman va alors tout mettre en œuvre pour retrouver celui qui a mis enceinte Olivia et qu'il tient pour responsable de cette double mort.
Plus que l'intrigue policière, c'est l'ambiance retranscrite par Leonardo Oyola qui est très intéressante. Dans de courts chapitres, il parvient à rendre la noirceur de la vie dans ce quartier, les difficultés pour ces jeunes gens de se sortir de la misère et qui ne trouvent leur salut que dans la violence et le trafic. C'est également l'opposition entre deux mondes : celui de la débrouille dans ce quartier de la banlieue de la capitale argentine et celui plus riche, plus bourgeois, incarné par les deux policiers. Les moments les plus forts du roman son d'ailleurs sont où un milieu investit celui de l'ennemi : lorsque les jeunes essaient d'intimider les flics devant leur bâtiment ; lorsque les deux flics cherchent dans le dédale des ruelles les corps qu'ils s'attendent à trouver.
Le titre, Golgotha, renvoie à cette souffrance, à la passion - au sens premier - qui touchent tous ceux qui vivent dans ce milieu. La religion est omniprésente. Néanmoins, la construction du roman, avec des chapitres construits selon les épisodes de la Passion du Christ, ne m'a pas paru tout à fait justifiée. Il n'en reste pas moins que la force d'évocation de Leonardo Oyola n'est pas à démontrer.
Yohan
Extrait :
Il s'engouffra dans les rues labyrinthiques qu'il connaissait par cœur. Il refit le chemin qu'il avait l'habitude d'emprunter lorsqu'il était enfant et adolescent pour rejoindre le domicile de son premier amour, cette fille qui lui avait menti lorsqu'elle avait mis fin à leur histoire en lui faisant promettre de rester bons amis. Elle qui s'était si facilement laissée faire, peu de temps après. Maria Magdalena Gonzalez. Pure et vierge. Nous pénétrâmes tous deux dans la petite maison où Magui était née et avait vécu. Tout comme Olivia. Nous sortîmes par derrière pour déboucher sur un petit patio. Le corps était là.
Golgotha de Leonardo Oyola - Éditions Asphalte - 138 pages
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton
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