Autant le dire tout de suite, je suis partagé face à cette bande-dessinée. Prenons d'abord le positif : le dessin de Julie Maroh. Le trait est très présent, parfois excessif : des contours très marqués, des angles de prises de vue originaux, comme lorsqu'elle dessine la main disproportionnée du chanteur. On retrouve de grandes plages de couleurs, avec des choix assez radicaux : du rouge pour les scènes où Tazane se mutile, du vert pour celles où il est sous l'emprise de stupéfiants. L'auteur fait également étalage de tout son art, avec de grandes pages très belles représentant une ville vue de haut, ou les cases impressionnistes qui viennent clore le récit. Une belle réussite graphique.
Je suis moins convaincu par le scénario de cet ouvrage, attendu, trop visible. Tazane, pris dans un engrenage dont il ne peut se défaire, tombe, seul, dans les filets du star système. Les scandales se succèdent, les fans sont de plus en plus nombreux et présents, et Tazane se rend compte du pouvoir qu'il peut exercer sur eux. Il le réalise en chantant lors d'un concert du Chantal Goya, chanson reprise benoitement en choeur par tous les spectateurs. Face à ce pouvoir qui lui fait peur, Tazane va au bout de son histoire et devient un phénomène de société. Son histoire, inventée, fait bien entendu penser à celle de Bertrand Cantat, Pete Doherty ou Jim Morrisson. Le plus étrange dans cet ouvrage est la postface signée Julie Maroh. Celle-ci, un peu alambiquée, donne l'impression que l'auteur s'est sentie obligé de justifier le point de départ de son intrigue. Un scénario un peu faible, donc, mais cette bande-dessinée vaut le coup d'oeil pour la beauté graphique de nombreuses pages.
Yohan
Extrait :
Skandalon de Julie Maroh - Éditions Glénat - 150 pages
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