Mais qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle été jetée dans son puits ? Et que faire maintenant de ce corps pour ne pas être accusé de ce meurtre dans lequel il n'a rien à voir ? Il décide de se tourner vers Lucio, son père, le bibliothécaire du village. Bibliothécaire est un bien grand mot, car personne ne frquente son établissement et l'Etat lui a retiré son statut. Pourtant, il continue à lire les livres qu'il a reçu, dont beaucoup finissent censuré pour d'obscures raisons que lui seul connaît. L'histoire que lui raconte son fils lui rappelle un livre français, et la figure de Babette, le personnage principal, le hante.

C'est un drôle d'ouvrage que ce roman. Cela démarre comme un polar, avec une mort et un homme qui fait tout pour ne pas se faire prendre. L'intrigue policière irriguera le roman, mais en filigrane, comme si ce sujet n'était finalement que très secondaire. La relation entre le père et le fils pourrait être ne porte d'entrée dans ce roman, mais il ne se parle finalement que peu, ou alors pour évoquer le meilleur moyen de ne pas être embêté par ce cadavre, qui, caché sous un avocatier, pourrait donner ses traits de l'arbre.

La bibliothèque, comme l'indique le titre, est finalement l'élément primordial du récit. Installée dans un ancien entrepôt, elle est le centre du village. C'est là que se rend la mère d ela jeune fille décédée, qui lie une relation intime et littéraire avec Lucio, autour du livre qu'il aime tous les deux. Face à toutes ces pistes, je me suis un peu perdu dans ma lecture. L'intrigue m'a parue touffue, et les références nombreuses à des ouvrages méconnus admirés par Lucio n'aident pas à se réperer dans le labyrinthe de cette histoire à la fois fantastique, onirique et policière. Une déception pour ma part que ce roman mexicain.

Yohan

Extrait :

Lucio regarde sa bibliothèque sous un rayon de lune. Une partie du crépi est tombé, c'est pourquoi sur la porte in lit seulement BIBLIOTHE. Les dernières lettres ont été retrouvées par terre, en miette, après une nuit ordinaire, sans qu'une force particulière les ait fait tomber, si ce n'est le temps et l'abandon. Des lettres qu'il avait lui-même écrites avec un pinceau trempé dans du goudron et d'une main tremblante, le jour même où il avait reçu la première remise de livres, cinq cent sept exemplaires, dont seulement cent trente devaient finir sur les étagères, les autres ayant dû se contenter du tampon CENSURE.

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El ultimo lector de David Toscana - Éditions Zulma - 188 pages
Traduit de l'espagnol (Mexique) par François-Michel Durazzo